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ØLTEN (2015)
Doom, hardcore, sludge… La Suisse occidentale constitue depuis de nombreuses années un vivier de metal aussi lourd qu’inspiré. Avec à peine à EP sous le bras, Ølten a réussi le petit exploit de s’y imposer comme un groupe qui compte. Le premier album du combo, ‘Mode’, confirme ces noires promesses. Sans doute grâce à une certaine propension du trio à ‘mettre ses amplis très fort’, comme le rappelle à l’envi le guitariste Christoph Noth.
- Vous qualifiez votre style de ‘porn sludge’… Peux-tu ‘entrer’ un peu dans les détails ? Cette interview devra-t-elle être interdite aux moins de 18 ans ?
Non, pas du tout : nous sommes tous des papas capables de discernement …. Lors de notre première tournée un mec qui nous a fait jouer au Zer Alte Schmiti à Bâle, situé dans le quartier des filles de joie et il a dit : ‘Ølten ? Ah, ouais les mecs qui font du porn sludge !!!’ Ça nous a bien fait rire et, depuis, c’est resté.
- Votre musique est lourde et tourmentée. Mais sur les photos de groupe, vous semblez très complices, vous vous marrez… On peut donc faire du sludge et avoir de l’humour ?
Je pense que le jour ou on ne se marrera plus entre nous, ce sera la fin du groupe. Oui, nous faisons une musique certes très sombre, mais elle est le reflet d’une face de notre personnalité. Au fond nous sommes juste des mecs qui aiment boire , manger de l’animal mort et rigoler. Le fait est que, certains jours, nous avons le moral dans les chaussettes, comme tout le monde. Et mettre des amplis très fort, une fois par semaine, est une bonne thérapie.
- ‘Mode’ est votre premier album ‘complet’. Qu’avez-vous retiré de l’expérience de votre EP ? En quoi a-t-elle eu un impact sur la réalisation de ce premier album ?
Honnêtement nous avons fait cette EP un peu comme une lettre de postulation ; nous n’étions personne. Il a été super bien accueilli et nous a emmenés bien plus loin que nous ne l’espérions. Lorsque nous avons décidé de composer un nouvel album , nous avons décidé de plus travailler le son, ajouter des moogs. Mais, surtout, nous sommes arrivés en studio tel un groupe et non comme trois amis.
- Le son est très dense, composé de multiples couches de guitares. Comment s’est déroulé l’enregistrement ?
Tout a été fait en live ; nous étions les trois dans la même pièce. En concert, nous nous regardons souvent et il était essentiel pour nous de transmettre ça sur cet album . Pour le reste nous avions chacun deux amplis et nous aimons semer le doute, souvent on ne sait pas si c’est de la basse ou de la guitare et vice versa. Le tout avec beaucoup de pédales de distorsion et un batteur qui nous comble de joie et le tour est joué.
- La musique d’Ølten a la particularité d’être à 98% instrumentale. A votre avis, est-ce que c’est quelque chose de libérateur de composer, sans avoir à penser à laisser de la place au chant ?
Oui, un chanteur c’est chiant !!!! C’est toujours en retard , ça prend des plombes pendant les soundcheck !!!! Plus sérieusement, nous avions décidé à l’époque de faire de l’instrumental et nous faisons de l’instrumental. Je ne pourrais pas dire si c’est mieux ou pas.
- Petite exception à cette règle sur ce premier album : l’intervention du chanteur de The Old Wind. Comment s’est passée cette collaboration ?
Le caprice de trois ados s’est réalisé, grâce à notre réseau et aux réseaux sociaux. Nous avons écrit à Tomas en lui soumettant une compo et lui expliquant nous envies et le pourquoi de la démarche. Résultat : nous lui avons envoyé les pistes à Los Angeles, car il vit là-bas, et en retour, nous avons reçu ses pistes de voix. La chose s’est passée tellement simplement que je n’ai pas eu l’impression de travailler avec un mec qui possède un tel background. La discussion a été très facile… Tomas nous a dit : ‘ Je suis content de cette collaboration’.
- Ça ne vous manque jamais d’exprimer vos sentiments ou vos idées de manière plus directe, au travers de paroles ?
Non, je crois que nous y arrivons très bien par le truchement de nos instruments. Je crois que nous sommes capables de faire peur aux gens quand il le faut. Et j’ai toujours apprécié pouvoir faire passer des sentiments par la musique et non la parole.
- Je suis tombé sur une chronique dont l’auteur recommande à Ølten d’engager un chanteur pour son prochain album… C’est totalement hors de question ou c’est quelque chose auquel vous réfléchissez ?
Actuellement ce n’est pas à l’ordre du jour … On ne sait jamais de quoi l’avenir est fait mais les choses se passent tellement bien à trois que nous ne voyons pas la nécessité d’ajouter une quatrième personne, si ce n’est un mec qui nous véhicule tout le temps et porte nos amplis (rires).
- Après la pochette très ‘alpine’ et enneigée de votre EP, vous voyagez vers l’Afrique et le soleil avec celle de ‘Mode’. Qu’avez-vous cherché à exprimer avec elle ?
Ølten ne serait rien sans notre ami et graphiste Laurent Güdel. Chaque pochette est un peu comme une aventure avec ce mec. Il écoute, réfléchit et propose. Sur ce coup-là , il s’est adjoint les services de la talentueuse Michal Florence Schoro pour ce résultant qui nous a soufflés. Je dirais que nous aimons l’absurde et une dame noire en boubou avec un bouc sur un fond orange c’est un peu comme un trio instrumental avec un Ajoulot, un Delémontain et un Bernois … On se fait plaisir et on verra ce que les gens en pensent.
- Est-ce que vous avez une imagerie en tête, lorsque vous composez ?
Non, pas vraiment .Pour exemple, le tire ‘Güdel’ a été composé après un dîner tourmenté avec ma génitrice. Je me rappelle être arrivé bien agacé au local, j’ai mis mes amplis très fort et ce riff est sorti d’un coup… Après, pour d’autres compos, nous jouons ensemble, on essaie plein de choses. Et lorsque nous avons tout cette expression sur notre visage qui dit ‘là, ça chie’, on explore cette piste.
- Beaucoup de groupes romands se plaignent d’avoir peu d’occasion de jouer en Suisse allemande, et, à l’inverse, les formations alémaniques ont de la peine à se produire de ce côté de la Sarine. Mais pour Ølten, le Röstigraben ne semble pas exister. Comment l’expliques-tu ?
Bonne question. Cela fait partie de la merveilleuse inconnue de notre pays. Nous avons un booker alémanique , un bassiste Bernois… Serait-ce la solution ? (rires) Mais honnêtement ce n’est pas la prmière fois qu’on me pose cette question et, à chaque fois, je ne sais pas quoi répondre car je n’en sais rien.
- Un petit mot sur les concerts à venir ? Il y en a pas mal !
Nous sommes vraiment contents de toutes ces dates. A la fin de l’année, nous avons une petite tournée en Suisse avec deux monuments du hard suisse :Zatokev et Unhold ….. Avaler des kilomètres, boire des bières et mètres des amplis très fort : ce programme qui nous comble de joie. En résumé : BOIRE BIERE BRULER VILLAGE !!!!!!!!!!
www.oltenmode.com
[Dave]
Interview réalisée par e-mail en août 2015
mis en ligne le : 30.11.15 par Mikamika
BEASTÖ BLANCO (2015)
Beastö Blanco. Si ce nom t’est inconnu eh bien sors de ta coquille et note la date dans ton agenda, parce que ce groupe va venir en Suisse et tu pourras le découvrir le 27 novembre au Manoir PUB de Saint-Maurice www.manoirpub.ch/ . Eh oui, je sais, tu me dis : ‘Hey Suzy, c’est qui ou quoi Beastö Blanco ?!?’ Eh bien c’est un groupe presque suisse, un chef-d’œuvre pondu par Chuck Garrick (ndr : le bassiste d’Alice Cooper) et c’est une bombe. D’ailleurs Mlle Callico Cooper sera sur la tournée. En guise de preview une petite interview pour vous mettre l’eau à la bouche, il fallait que je sache tout, avant qu’ils ne prennent d’assaut nos salles, et puis ça m’a donné une excuse pour mentionner Motörhead ! Enjoy…
- Chuck Garric : À présent je suis en Angleterre, la tournée Alice Cooper et Mötley Crüe va commencer ici demain et tout va pour le mieux.
Parlons de Beastö Blanco, parce que quand un groupe mélange du White Zombie et du Motörhead, eh bien je suis présente à 150%. L’album ‘Live Fast Die Loud’ est sorti en 2013.
Le groupe a commencé à se former fin 2012, et on a commencé à développer notre son. Le guitariste (Chris Latham) et moi-même on se connaît depuis un bail, on a joué dans d’autres groupes ensemble et on savait qu’on voulait remettre ça et créer quelque chose. On ne savait pas exactement à quoi ça allait ressembler, mais à partir du moment qu’on s’est assis ensemble avec nos instruments le reste s’est fait tout seul. On savait comment on voulait que ça sonne, on voulait se rapprocher le plus possible d’un son live, plus cru et avec le genre d’énergie que tu ressens quand tu vas voir un show de Motörhead. C’est de l’énergie pure.
- Avec Alice Cooper et Mötley Crüe les shows se déroulent dans d’énormes arènes et tu fais partie d’un groupe, mais ce n’est pas le tien. Beastö Blanco c’est ton groupe et tu vas jouer dans des salles qui te permettent d’être vraiment proche de tes fans. Tu en penses quoi ?
Ça fait partie des raisons pour lesquelles on fait ça ! On aime divertir, jouer de la musique et avoir des gens qui sont là pour toi c’est exaltant. C’est un sentiment unique quand tu es dans une salle et que tu commences à jouer sur ta guitare et que tout se met en place, il y a une sensation vraiment superbe, entre la musique, le public qui commence à vibrer et ça devient électrique.
- J’ai vu que vous allez faire trois dates en Suisse, on est gâté et honoré, mais raconte, comment ça se fait ? On s’y connaît mieux en rock’n’roll que les autres ?
On adore venir en Suisse, lors des tournées c’est notre point de chute, c’est pour ainsi dire où Beastö Blanco a débuté, nos toutes premières répètes en Europe se sont déroulées en Suisse dans un tout petit village. Notre tour manager habite en Suisse, j’ai un batteur et un bassiste qui viennent d’Allemagne, alors on a décidé de s’installer un peu ici. On a un pote qui nous a organisé une salle de répète, un endroit où crécher et c’est là où tout a débuté. Et dès qu’on traverse la frontière on se sent déjà à la maison. Notre producteur Tommy Henrikson y habite aussi, il habite un petit village dans les environs de Zurich où il a épousé une Suissesse, mais ce qu’on adore le plus en Suisse c’est qu’il y a une réelle envie pour le rock’n’roll, les gens apprécient ce style de musique et on leur donne ce dont ils ont envie et besoin : des shows pleins de rock théâtral que tu ne verras habituellement que dans d’énormes arènes, mais là on vous l’amène directement chez vous. On va venir retourner les pierres et vous l’amener dans les recoins les plus inattendus.
- Et cette tournée démarre directement le lendemain de la fin de la tournée avec Alice et Mötley, vous allez faire un marathon, je n’arrive pas à vous imaginer faire les énormes trajets dans un mini-bus, faire Edimbourg un soir et aller jusqu’à Zurich le lendemain c’est fou !
Eh bien on va faire ce qu’il faut, c’est une guérilla en quelque sorte, on fera ce qu’il faut pour que ça roule, quand tu débutes et tu crées quelque chose de nouveau tu dois être flexible. On prend ce qui est disponible pour nous et parfois les chemins sont longs et très déviés et un peu difficile, mais c’est comme ça. On fera ce qu’il faut pour arriver à destination, c’est la quatrième fois qu’on va tourner en Europe et si la route est longue eh bien on la prendra, on débute et c’est comme ça.
- La coordination d’une telle tournée doit être compliquée, il faut que les dates collent entre les dates de tournée avec Alice, que les autres membres du groupe soient présents au bon endroit au bon moment...
Tu as raison, c’est beaucoup de boulot, surtout pour notre tour manager, mais aussi pour les gars du groupe, on voyage par avion, par bus, camion… C’est ce qu’on va devoir faire, mais surtout il faut croire en ce que nous faisons. Un des points forts de Beastö Blanco c’est qu’on y croit et on est organiquement liés, autant les membres du groupe que notre tour manager, on sait qu’on a quelque chose à prouver, on a une bonne chose et on doit s’y accrocher et voir ce qui arrive par la suite, suivre le mouvement.
- No Rest For The Wicked !
Absolument, quand tu joues dans un groupe qui tourne, la chose que tu n’as pas le droit de faire c’est te plaindre. Tu ne dois pas devenir un de ces petits groupes qui passe son temps à geindre et se lamenter sur les distances à parcourir, que c’est trop difficile, on construit quelque chose et on veut participer entièrement à ce processus et oui, il va y avoir des moments où ça sera difficile, mais c’est ça qui nous aide à nous bâtir notre armure et nous endurcir pour la suite, sans compter que ça nous permet également de devenir de meilleurs musiciens et ça nous rapproche.
- Comment ça va se passer à Saint Maurice ? Vous n’allez jouer que des titres de Beastö Blanco, ou on peut s’attendre à des reprises aussi ?
I
l va y avoir des titres de Beastö Blanco, on va faire quasi tous les titres de cet album qui est sorti en 2012 et quelques nouveaux titres qui vont figurer sur le deuxième album qui est prévu pour début 2016, comme beaucoup ne nous connaissent pas c’est le moment de donner tout ce qu’on a et également de permettre aux gens d’écouter quelque chose qu’ils n’ont jamais entendu. Ça permet également d’exciter les attentes en vue de la sortie du deuxième album, et bien sûr on va probablement faire quelques reprises, on s’adaptera au long du show. Ça fait quatorze ans que je joue avec Alice, ne sois pas surpris si tu entends un morceau d’Alice Cooper lors de la soirée !
- Le line-up qui va t’accompagner en tournée sera le même que sur l’album ?
Exactement, le groupe qui figure sur l’affiche de la tournée est composé de Chris Latham à la guitare, Jan LeGrow à la basse, Tim Husung à la batterie (il est tout juste de retour de la tournée de Doro où il remplaçait Johnny D, alors il est tout frais et prêt à retourner sur la route) et bien sûr il y a Calico Cooper, la fille d’Alice, elle amène une forme d’énergie sauvage dans ce groupe, c’est dans son sang, et c’est super de la voir impliquée et de la voir sur scène, c’est spécial.
- Et ça te permet de garder tout ça en famille.
C’est exactement ça, c’est super facile avec Calico, elle a tout compris, et je vais répéter ce que j’ai dit avant : dans ce groupe personne ne se plaint, personne n’utilise le mot ‘non’, tout le monde met en priorité numéro un le show, comment est-ce qu’on peut améliorer et divertir les gens, quand on a une idée eh bien Calico sait tout de suite l’exploiter et aller encore plus loin et elle arrive à interpréter ce que tu penses mais en encore mieux. En travaillant avec des gens qui sont innovateurs et qui explorent de nouvelles idées on arrive à trouver notre identité. Tu ne veux pas être avec des gens qui descendent tes idées tout le temps, c’est comme ça qu’on arrive à trouver qui on est et ce qu’on veut devenir.
- Et comment tu t’organises pour les compos ? Tu es souvent en tournée…
Pendant que je tourne avec Alice Cooper je suis toujours en train d’écrire et Chris Latham aussi, c’est un des compositeurs principaux dans Beastö Blanco, alors dès qu’on a eu fini le premier album, on a commencé le processus de composition pour le deuxième album. Chris va m’envoyer des riffs, on va échanger des idées et ça part de là. Tu peux être dans une chambre d’hôtel ou en train de regarder un autre groupe, c’est l’art qui est devant toi, et tu absorbes ce que tu peux de ce que tu vois, tu le ressens et tu l’appliques à ce que tu écris. J’ai toujours les yeux ouverts, je vois de l’art partout, c’est comme ça que je fonctionne.
- Parlons un peu des textes, ils sont intéressants et je devine quelques-unes de tes influences. Tu les écris seul ou avec quelqu’un ?
Sur le dernier album j’ai écrit pratiquement tous les textes. Un fait intéressant c’est que ma femme écrit fantastiquement bien, c’est une journaliste et une parolière hors-pair mais également une artiste. Elle a collaboré avec moi sur le premier album sur quelques lignes. Sur le deuxième album on a été beaucoup plus attentifs aux paroles, en tant que compositeur tu essayes de t’améliorer à chaque fois, mais parfois tu dois le tourner un peu différemment, essayer de nouveaux tempos et des arrangements diversifiés. Ce deuxième album est complètement un album de Beastö Blanco, mais tu vas découvrir une autre facette du groupe, tu entendras la différence.
- Raconte-moi un truc sur Beastö Blanco que personne n’a lu ailleurs, des secrets, des choses inconnues ?
Humm, bonne question, et il y en a plein des secrets, mais Beastö Blanco est quelque chose que tu dois vivre, que tu dois voir par toi-même, tu ne peux pas lire et le comprendre, tu dois le ressentir. On est tous des rock’n’roll junkies, on a grandi avec ça et tu vas le voir.
- Tu es un vrai passionné…
J’ai discuté exactement de ce sujet avec Mickey Dee de Motörhead, parce qu’il sait que je suis toujours en train de faire quelque chose, ce n’est pas quelque chose qui commence avec une idée ou une pensée, ça vient naturellement, comme je t’ai dis je suis toujours en train d’écrire et d’être créatif, et je pense que j’ai encore beaucoup à offrir, sinon je vais pouvoir faire quoi ? Mon cerveau est toujours en train de réfléchir, travailler, il ne se repose pas beaucoup. C’est une bénédiction et une malédiction à la fois.
Si vous ne pouvez pas venir à Saint-Maurice le vendredi 27 novembre, il y a toujours la date du 26 novembre à Wetzikon, ou celle du 28 novembre à Moutier. Ne les ratez pas, c’est une occasion en or.
26.11.Hall of Fame, Wetzikon, Switzerland / Pierrock
27.11.Manoir Pub, St-Maurice, Switzerland / Bloodlost
28.11.Sociét'Halle, Moutier, Switzerland
[Suzy]
Interview réalisée par téléphone le 1er novembre 2015
www.beastoblanco.com
mis en ligne le : 18.11.15 par Mikamika
CORONER (2011)
S’il est un groupe que l’on pensait ne jamais pouvoir interviewer, c’est bien Coroner. Depuis leur séparation en 1996, tout espoir de reformation semblait vain. Jusqu’à cette bannière aperçue au Hellfest 2010 proclamant le retour du trio sur la prochaine édition de l’événement. Mais qu’est-ce que Coroner ? Juste une magistrale baffe assénée dans les années 1980, quand trois petits Suisses ont montré à la scène metal que thrash pouvait rimer avec haut degré de technicité. Impossible d’oublier la claque reçue à la première écoute de ‘Masked Jackal’. Impossible d’oublier ce concert dantesque à l’Usine où les roadies ont dû déplacer tout le matériel du groupe au fond de la scène pour laisser celle-ci libre au stage-diving incessant. Alors que Coroner fera son retour sur scène le 23 avril aux Docks de Lausanne, le batteur Marquis Marky évoque cette renaissance chargée en émotions.
- Marquis, la question qui brûle les lèvres de tout le monde est de savoir ce qui a pu vous motiver, après tout ce temps, à reformer Coroner.
La motivation principale était l’argent, évidemment. Après les quelques shows qui vont venir on va enfin pouvoir arrêter de travailler dans nos mines respectives pendant quelques années. Non je déconne ! Soyons sérieux. Tu sais, ça fait dix ans à peu près qu’on voit tous ces blogs où les gens continuent à parler de nous. Tu vois sur YouTube des clips de jeunes qui s’évertuent à faire des reprises de nos morceaux. Comment te décrire le compliment que cela peut être pour nous ? Tu imagines ? Ça fait depuis 1996 qu’on a splitté. Maintenant en ce qui me concerne, il n’était pas question de rejouer la musique composée il y a vingt-cinq ans. Tommy (T. Baron, guitariste), Ron (Royce, chant, basse) et moi avons eu beaucoup de discussions sur le sujet. On s’est rencontrés en 2009 pour réunir les différentes vidéos que l’on avait archivées dans l’optique de créer un DVD ou quelque chose du style sur Coroner. Une chose en entraînant une autre, on nous a proposé de jouer dans quelques festivals et, quelque part, ça nous a rapprochés, donné envie de refaire des jams ensemble… Ça faisait tellement longtemps ! Mais bon, c’était moins catastrophique que je ne le craignais.
- Beaucoup de personnes pensaient que cette reformation n’aurait jamais lieu. Franchement durant toutes ces années, est-ce que tu as pensé qu’un jour cela se produirait ?
Je ne parle qu’en mon nom : je n’ai jamais fait de gros efforts pour qu’on se réunisse et qu’on rejoue les mêmes choses qu’avant. Bien sûr, les tournées me manquent. Mais j’ai exploré d’autres styles musicaux comme la musique électronique que j’ai toujours aimée. Je me suis vraiment amusé à créer moi-même des lignes de basses, des mélodies et des rythmiques. Un de mes projets était appelé Spoo et un autre Knallkids. C’était vraiment agréable de profiter de cette scène très créative dans les clubs, ici à Zurich, ma ville natale, qui était considérée comme si ennuyeuse quelques années auparavant. J’étais trop occupé avec tout ceci pour regretter les années Coroner. À la fin des années nonante, j’avais rejoint Tom G. Warrior pour son projet Apollyon Sun et ça a duré deux ans. En fait, c’est la dernière fois que j’ai joué de la batterie dans un groupe. Tommy, lui, a monté Clockwork juste après Coroner. Il a été très occupé à tourner avec Stephan Eicher et Kreator après ça. Actuellement, il est sur scène avec 69 Chambers et est producteur dans son propre studio, le New Sound Studio. Ron a également travaillé sur du nouveau matériel au cours des années passées, mais il n’a jamais rien sorti jusqu’à maintenant.
- Comment s’est déroulée votre première répète ? Ce n’était pas un peu bizarre de remettre Coroner sur les rails ?
Je te mentirais si je te disais que la première répète n’a pas été un vrai ‘trip’. Tous les souvenirs me revenaient en tête. Tu sais, les premières années, on jammait six jours sur sept. Sans blagues ! On se sentait super mal dès qu’on faisait un break de deux ou trois semaines. Et là, ça faisait quatorze ans !
- Vous aviez un niveau technique remarquable à l’époque. A-t-il été facile de retrouver cette maîtrise ?
C’est vraiment beaucoup de boulot pour retrouver notre niveau de 1996 évidemment. Mais je pense qu’on en était tous conscients et on ne s’attendait pas vraiment à des vacances à la plage. Pour le moment, ça ressemble plus à un camp d’entraînement, disons.
- Avez-vous déjà une idée des morceaux qui feront partie de la nouvelle aventure de Coroner ?
Nous allons certainement jouer les morceaux de notre ‘Farewell Tour’, incluant des titres de la première époque comme ‘Reborn Through Hate’, ‘Masked Jackal’ mais également les trucs plus récents comme ‘Golden Cashmere Sleeper’ ou ‘Internal Conflicts’. Après toutes nos tournées, on sait quels morceaux on a du plaisir à jouer et ceux que les fans aiment écouter live. Il y a des chansons qui donnent super bien sur album mais qui n’ont pas le même impact sur scène. On aura la chance d’avoir Daniel Stössel qui jouera du synthé et des samples pour les gigs à venir. Il était déjà avec nous sur la dernière tournée pour créer l’atmosphère. On aura aussi notre ‘quatrième membre’, Lu Cubello (chanteur de Clockwork et à la tête du staff Coroner) qui fera les dates avec nous et chantera sur ‘Der Mussolini’.
- Sur les forums et les blogs, on peut lire beaucoup de réactions positives quant à votre reformation. Les gens semblent attendre beaucoup de votre retour. Ressens-tu cette pression ?
Évidemment, il y a beaucoup de pression qui vient d’un peu partout, nous y compris. Tu as toujours ce souvenir un peu flou quand tu te rappelles un truc du passé… Du genre : le meilleur film que j’aie vu ou le meilleur concert auquel j’aie assisté. Peut-être qu’on enjolive trop le passé et il y a un risque d’être déçu, que ce que tu vois dans le présent ne ressemble pas aux souvenirs du ‘bon vieux temps’. Mais sois sûr qu’on va s’éclater. Bien sûr, le metal a beaucoup évolué depuis notre split, mais l’avantage de Coroner est que notre style est unique et ce sera un vrai voyage dans le passé et les origines du thrash metal. On va proposer quelque chose de juste et honnête.
- À propos d’Internet, j’ai été plus qu’étonné de voir que vous n’avez même pas un site web officiel. C’est un problème de temps ou vous n’êtes pas intéressés par ce média ?
Le site de Coroner était tenu par une Américaine, Carol, fille de Lilith. Elle a fait un super boulot sans aide. Même si on ne s’est jamais vraiment impliqués, on était plus que satisfaits de la plate-forme qu’elle a créée. Après pas mal d’années, elle a décidé d’arrêter de tenir le site à jour mais il est toujours disponible sous coroner.awardspace.us.
- Pas mal de gens espèrent que cette reformation débouchera sur de nouveaux morceaux, et, pourquoi pas, un nouvel album. Quels sont vos plans ? Vous avez déjà des labels qui vous ont contactés ?
On n’a pas de plans actuellement pour sortir du nouveau matériel. Peut-être que nous retournerons travailler sur notre idée de DVD, à la fin de l’année.
- Les shows sont également un sujet brûlant. Vous allez commencer par le show aux Docks de Lausanne, durant l’Impetus Festival, le 23 avril prochain. Pourquoi avoir choisi ce festival pour votre retour ?
On a juste l’intention de jouer dans quelques festivals. Il n’y a pas de raison particulière derrière notre venue à l’Impetus pour le premier show… Mais par contre, c’est génial que le premier show se fasse en Suisse.
- Je sais que vous allez également jouer au Hellfest. Avez-vous d’autres festivals en tête ?
Après l’Impetus, le deuxième concert se ferra au Maryland Death Festival, à Baltimore, le 29 mai. Après, il y aura le Hellfest, le 18 juin, puis le Bloodstock Festival, en Angleterre, le 23 août. Je sais qu’il y aura encore quelques shows en Suisse après ça, mais c’est tout pour le moment.
- On arrive déjà au bout malheureusement, je te laisse le mot de la fin pour les fans…
Tout ce que je peux dire c’est qu’on n’en peut plus d’attendre de détruire au maximum vos tympans et vos nuques ! Reborn Through Hate !
coroner.awardspace.us
Indy
Interview réalisée par e-mail en février 2011
mis en ligne le : 14.04.11 par indy
The Ocean a enregistré quelques pistes de leur dernier album ‘Anthropocentric’ au Studio Mécanique, à La Chaux-de-Fonds. Pendant son mixage en août, le groupe a entrouvert la porte afin qu’une petite oreille vienne s’y glisser et entende une esquisse de l’album, encore à l’état brut, et assiste à une petite partie de son élaboration.
En poussant la porte d’un vieil immeuble industriel, on ne s’imagine pas tout ce qu’on peut y découvrir. Nous sommes dans les hauteurs de La Chaux-de-Fonds, dans le canton de Neuchâtel. Derrière cette porte, après quelques volées de marches, se trouve le Studio Mécanique. Peint en orange, le studio est accueillant et baigné de la lumière du jour. Des tas d’amplis, d’ordinateurs et autres matériels audio remplissent la pièce. Les néophytes auront envie de jouer avec les boutons, mais n’en feront rien, l’ambiance est studieuse. Robin Staps, guitariste et fondateur de The Ocean, et Julien Fehlmann, un des ingénieurs qui dirige les lieux, sont en plein processus de mixage de l’album ‘Anthropocentric’, qui sortira en novembre.
Rien n’est fini et tout reste à faire. La plupart des pistes sont déjà enregistrées. C’est durant la prise de son que le morceau prend forme. Pour cette raison, il est important d’être très attentif au choix de l’instrument, du micro et de l’endroit où les compositions seront enregistrées. ‘Après cette étape, une phase de retouche des prises est souvent nécessaire’ indique Fabian Schild, un ingénieur du Studio Mécanique. Une fois que le morceau a été enregistré, le mixage à proprement parler peut commencer. ‘Le mixage consiste à créer un puzzle avec tous les éléments enregistrés. Il faut former les pièces pour que tout s'emboîte parfaitement’, renchérit Fabian Schild. C’est un travail de fourmi car chaque seconde enregistrée a besoin d’attention. Il faut désormais égaliser les pistes (ajouter plus de basses ou d’aigus) afin de les sculpter et faire en sorte que chaque instrument sonne au mieux, et ensemble. Ainsi que régler les problèmes de transition entre les prises, leur volume sonore, s’assurer que le rythme est continu, etc. Il faut former les deux pistes, gauche et droite (une pour chaque oreille), qui seront plus tard retravaillées lors du mastering. Bref, c’est une étape cruciale durant laquelle la musique prend forme. C’est à ce moment-là qu’elle devient un tout, une unité. Il faut préciser que le metal n’est pas la musique la plus aisée à mixer. C'est un style extrêmement produit. Beaucoup de travail est à faire sur le son des prises, qu’on enregistre dans cette optique. Par exemple, la guitare avec distorsion a un spectre très large et il faut des doigts de fées comme ceux de Julien Fehlmann pour que tous ces éléments forment un tout et que la magie opère.
À La Chaux-de-Fonds, le mixage durera une quinzaine de jours, avec en plus quelques prises additionnelles. Le temps est compté, mais apparemment, être isolé dans les montagnes neuchâteloises aide à se concentrer. ‘C’est comme un repaire d’ermite, confie Robin Staps, il n’y a pas trop de distractions qui m’empêchent de travailler.’ Entre les festivals de l’été et une tournée avec Dillinger Escape Plan, puis avec Anathema, l’album doit être terminé. Pourtant pendant la pause de midi de l’ingénieur du son, Robin Staps a quand même pris le temps d’appuyer sur ‘play’ pour me faire écouter quelques pistes sur lesquelles ils sont en train de travailler.
‘Anthropocentric’ est dans la continuité de son prédécesseur ‘Heliocentric’. Ils se reflètent, et se répondent. Ils forment un diptyque, tant du point de vue de leur concept, que de la musique. Selon Robin Staps, l’album sonne typiquement comme The Ocean ; une base épique, avec des éléments plus progressifs ; sombre et lumineuse, calme et puissante. On s’imagine volontiers immergé dans l’immensité de l’océan lorsqu’on l’écoute. Des voix claires et hurlées, des moments acoustiques ou saturés, instruments classiques ou batterie hyper carrée, le ressac va et vient entre vos oreilles. Un tableau vivant de la mer élaboré au milieu des montagnes.
www.studiomecanique.ch
www.theoceancollective.com
Diane
mis en ligne le : 31.03.11 par Kelly
Le festival du film de Locarno programmait cette année le dernier film de Bruce Labruce, 'L.A. Zombie', un porno avec des zombies gays aux ouvertures multiples avec dans le rôle principal un François Sagat avec une bite-dard qui pourrait être celle de Godzilla. Si un festival avec une réputation aussi prestigieuse que celle de Locarno projette un film dont le réalisateur est haï par la critique, est-ce que qu'un festival dit 'underground' arrive encore à avoir une programmation qui se tient en marge de celles des grandes institutions ? On est tenté de se poser la question, mais après quelques jours passés dans cette neuvième édition du Lausanne Underground Film And Music Festival, il n’y a plus de doute sur le fait que ce festival porte bien son nom.
Se déroulant en partie dans le casino de Lausanne, envahi pour l’occasion par des installations paranoïaques rappelant les écrans de TV de Nam June Paik, l’ambiance est dès le départ intrigante. Et lorsque l'on voit que Jörg Buttgereit est membre du Jury et a une rétrospective programmée, on sait que l’on ne va pas être déçu en matière de contre-culture. Le fameux réalisateur des 'Nekromantik', bien connu des réseaux undergrounds de l’interweb, tape dans les sujets repoussants, comme la nécrophilie, le serial killer et le suicide, le tout avec un humour macabre, indécelable par certains. Il se démarque toutefois du simple film gore gratuit grâce à des cadrages étudiés et arrive à dégager une vision froide, oppressante et pessimiste, ce qui lui vaut l’étiquette de réalisateur de 'films d'horreur d'art et d'essai'. Mais vouloir trop intellectualiser son art serait une erreur, parce que s'il est connu pour choquer, c'est qu'il le fait efficacement. Que ça soit dans les deux volets de 'Nekromantik' que je citais tout à l'heure ou des films (érotiques ?) pour nécrophiles, où l’on peut notamment comprendre comment éjaculer du sang. 'Schramm', peut-être moins connu, arrive à ne pas tomber dans le cliché du tueur surdoué et machiavélique du 'Silence Des Agneaux' en montrant un meurtrier esseulé vivant dans un appartement crasseux. En tant que Jury, Buttgereit dira de 'Trash Humpers' (prix du Jury) lors de la cérémonie de clôture : 'L'image est merdique et les gens disent que c'est de la merde. C'est donc le seul vrai film underground de la compétition'. 'Trash Humpers', littéralement 'baiseurs de poubelles', doit effectivement être le pire film du festival au sens académique : filmé sur des bandes VHS usées, le dernier Harmony Korine suit une bande de vieux punks plus dégueulasses les uns que les autres. Subversif jusque dans sa forme, à contre-courant, loin de la perfection que vise la HD, ce dernier film de l'auteur de 'Gummo' est radicalement obscène et n’est pas sans rappeler le style décadent des vidéos de Paul McCarthy. On est plongé dans un portrait de l'Amérique profonde, dans lequel le white trash fait à la fois rire et peur. On pourrait presque y voir une genèse de Jackass, sauf qu’ici la 3D est inutile pour comprendre le néant de la bêtise. Dans un autre registre, une partie du travail du réalisateur français Jean-Louis Van Belle était à découvrir dans cette édition. Véritable showman, Van Belle a débuté dans l’érotique (les fans de Jean Rollin adoreront), pour finir par faire des films étranges considérés par certains comme dada. Le site Nanarland ose, lui, la comparaison avec Ed Wood pour ‘Le Sadique Aux Dents Rouges’. Vouloir trancher entre les deux n’est pas spécialement intéressant, mais en revanche voir ‘Paris Interdit’ l’est fortement. Ce documentaire de 1969 sur des freaks de Paris propose toute une série de portraits plus improbables les uns que les autres, allant du fakir et sa troupe de groupies, aux leçons de strip-tease pour ménagère vivant en HLM qui a besoin d'un petit ‘boost’ à sa libido, en passant par des néo-nazis et leurs cultes absurdes, lors desquels ils brûlent des poupées et se dessinent de petites moustaches emblématiques. En marge des films atypiques et sanglants, le spécialiste du porno français des années septante, Christophe Bier, avait une carte blanche lors de laquelle il présenta plusieurs films mémorables de cette période. Ainsi, ‘Les Goulues’ permet de se rendre compte à quel point le genre a évolué : la narration avait presque autant de poids que les scènes d'action et on trouve dans le casting un hardeur papy de septante ans (une vision aujourd’hui bien plus effrayante qu’un François Sagat et sa bite-dard).
La sélection des courts-métrages était particulièrement bien fournie, répartie en trois catégories. Dans l'animation, le thème de la nourriture se retrouvait à travers plusieurs des sélections, dont ‘The Cow Who Wants To Be A Hamburger’ de Bill Plympton, dans un univers coloré et drôle, avec un trait simple et incroyablement efficace. ‘A Royal Nightmare’ d'Alex Budovsky, est aussi à mentionner, son esthétique sobre composée de silhouettes noires sur fond blanc est également amusante, avec un petit roi cherchant à garder sa place en haut de son château face à des attaques ennemies. Dans les courts de fiction, ‘You're The Stranger Here’ de Tom Geens sort clairement du lot, dans lequel on découvre une société totalitariste à la 1984, aux moeurs particulières. Un réalisateur à suivre, qui sait mettre en place un climat oppressant mais non sans oublier d’y inclure une certaine dose d’humour. Dans les films expérimentaux, pouvant être qualifié de non narratif, ‘Tusslemuscle’ de Steve Cossman propose un collage particulièrement intriguant, en reprenant des images de fleurs et en faisant un collage stroboscopique qui devient hallucinant comme certaines scènes d’Altered States. ‘M’ de Félix Dufour-Laperrière a une esthétique sobre et intrigante, avec des surimpressions de croquis formant des architectures en mouvement, comme des cellules qui se dupliquent. ‘Dromosphere’ de Thorsten Fleisch a une image également étonnante, avec un dispositif transformant à travers l'oeil de la caméra un modèle réduit de voiture en traînées de couleurs. Le film sûrement le plus médiatisé du festival, 'Rubber', de Quentin Dupieux (plus connu sous le nom de Mr. Oizo), rappelle les films des Monty Python, avec une histoire complètement absurde et pleine de non-sens, qui met en scène un pneu aux pouvoirs télépathiques meurtriers. Si ce pitch est des plus prometteurs, le film manque malheureusement de substance pour être totalement réussi et use jusqu’à la corde les idées qui le composent. Il ne surpasse donc pas ‘Steak’, du même auteur, qui contenait bien plus de matière et d’idées loufoques.
Quant à la musique au LUFF, on la retrouve au cœur de certains films comme ‘We Don't Care About Music Anyway’. Ce film de Cédric Dupire et Gaspard Kuentz se penche sur le noise et les musiques expérimentales de Tokyo, en les mettant en relation avec l'environnement urbain dans lequel vivent les artistes, parmi lesquels Yamakawa Fuyuki, L?K?O et Takehisa Ken. Si certaines comparaisons semblent par moments anecdotiques, ce film faisant penser à un long clip entrecoupé de discussions, est sans aucun doute à voir par tous les fans de sons dissonants. Le punk radical du Detroit des années nonante était également à l'honneur avec des courts-métrages réalisés par des membres du groupe Destroy All Monsters, qui archivent avec leurs films une scène alternative qui a vu émerger des groupes tels que les MC5, dont la disparition dans l'incendie d'un motel reste encore mystérieuse, entre pluie de météorites et complot extra-terrestro-chrétien. La vérité est de toute façon ailleurs. En dehors des salles de cinéma de Lausanne, la galerie 1m3 présentait d’ailleurs une rétrospective d’affiches des Destroy All Monsters. L’occasion de replonger dans le psychédélisme des années septante et des créatures du cinéma bis de la même période et d'avant, avec en prime une sculpture d’un blob nourrit aux peluches. Les quelques morceaux qu'ils joueront lors du vernissage nous renverront aussi entièrement dans l'ambiance de ces années, avec une sorte de punk psyché, faisant penser aux Sonic Youth en moins arty, mais en plus scato. Dans un genre plus électronique et actuel, la soirée du samedi était à faire. En ouverture de cette soirée, Oneohtrix Point Never jouant majoritairement des compositions de son magnifique dernier album 'Returnal', dont l’atout majeur est de faire de la musique expérimentale sans pour autant rejeter les mélodies, fabriquant ainsi des sonorités qui sont à la limite du bruit et de la musique. Fennesz, également signé chez le label Editions Mego, utilise le même genre de compositions et ressemble à du Boards Of Canada mélangé à des fréquences parasites, instaurant une ambiance quasi-onirique dans la salle. Pour terminer en beauté, Nicolas Chevreux, boss du label Ad Noiseam, mixa les dernières sorties dubstep lourdes comme on les aime, parmi lesquelles se côtoyaient Niveau Zero et Matta. Le lendemain soir, en clôture, Bruce Gilbert (membre de Wire) fit sonner les dernières notes du festival avec un live hypnotisant composé de fréquences sous tension les unes avec les autres. Une fin abrupte, qui donne envie de revenir l’année prochaine pour une dixième édition encore plus folle.
www.luff.ch
Muzzo
mis en ligne le : 30.03.11 par Kelly
Pour qui peine à décoller des programmes MTV, le hip hop se doit d’être obèse et bling-bling, saturé de voitures et demoiselles rutilantes. Mauvaise image souvent difficile à dépasser, faute d’intérêt médiatique véritable pour cette scène. En Suisse romande, le hip hop se décline en mode underground : à Lausanne, sa voix est féminine, rageuse. Loin d’être obèse, plutôt couverte dans ses jeans et pulls à capuche, La Gale tranche. Cette année, la jeune femme a réussi l’impossible : enregistrer un album avec le groupe de rap gazaoui Darg Team, et les faire venir jouer en Suisse. Rencontre avec une rappeuse qui rocke.
-Il y a dans ton rap quelque chose de sombre qu’on rapprocherait volontiers du rock, un intérêt prononcé pour le monde arabe et un sens de la révolte franchement punk… La Gale, d’où sort-elle ?
Mon père travaillait dans les métiers du bâtiment, ma mère est une immigrée libanaise. J'ai grandi à la campagne, relativement à l'abri du besoin, dans un univers plutôt working class. Au niveau musical, j'ai pas mal zoné dans les milieux rock puis punk rock, été active en tant que chanteuse et guitariste dans deux groupes quand j'étais plus jeune. C'est une marque de fabrique qui est pour ainsi dire restée. Le rap, j'en écoute depuis gamine, et puis l'écriture c'est pareil, ça a commencé très tôt. En 2005, tout a commencé à se préciser parce que je me suis mise à monter des projets de concerts et mixtapes, notamment avec des artistes du Moyen-Orient, alors que je ne montrais pas encore mes textes. Et puis, fin 2006, j'ai commencé les concerts et les enregistrements.
-Un mélange qui se ressent dans ta musique… Quels sont les univers artistiques qui te parlent ?
(Rires) Putain, dur, j'ai trop de trucs en tête là ! Mais chronologiquement, je dirais que mon père m'a refilé la maladie du rock'n roll et de Johnny Cash, ma mère, c'était plutôt la musique traditionnelle arabe, et les vieux chanteurs français comme Brel et Ferré, qui m'ont sans doute moins influencée que Fairuz ou Oum Kalthoum – les racines, toujours (NdR : ces chanteuses comptent parmi les principales représentantes de la musique populaire arabe du XXème siècle). Mes seize-vingt-cinq ans ont plutôt été martelés par The Clash, Sham 69, de vieux trucs en général, du rocksteady au punk, de la northern soul au hardcore, Refused, Fugazi, les Dead Kennedys, voilà l'éventail ! Évidemment, il y a les incontournables du rap comme la Rumeur, NTM (à l'époque), Le Wu-Tang, Mobb Deep, et dans les plus récents des mecs comme Reef The Lost Cauze, Jedi Mind Tricks. Ces derniers temps, j'écoute vraiment plein de trucs. Du moment que ça correspond à mes attentes. Je n'aime pas trop les clivages.
-Et qu’est-ce qui t’attire particulièrement dans le hip hop ?
Le verbe, la technique, le bitume, la crasse, les gens.
-Si tu devais jeter un regard en arrière, quels sont les moments forts de ton parcours ?
Je dirais que les liens tissés avec les gens au Moyen-Orient ont été parmi les éléments les plus marquants sur mon chemin encore frais de MC. Ensuite, comme je suis un peu une ‘hybride’ entre plusieurs scènes, je dirais que nos concerts (avec Rynox) réunissent pas mal de gens différents. Du coup, il y a des crêtes et du Lacoste qui s'invitent à nos lives et la plupart du temps le mélange fonctionne bien. Dans le moins cool, tous les moments où tu te heurtes de près à la grande limace du music business. On ne laisse personne nous dicter notre comportement et pour ma part j'ai de la peine à mettre de l'eau dans mon vin. Donc ça se passe mal parfois (rires). Sinon des sites d'extrême droite nous ont consacré des pages entières de commentaires sur leurs forums pourris. Mais bon, le but, c'est de les faire chier, alors on a réussi notre coup.
-Justement, ton rap fait partie de la catégorie ‘intelligent’, celui qui véhicule des idées. Qu’est-ce que tu tiens à exprimer ?
Les paroles sont tout simplement primordiales. Et je ne transige pas là-dessus. Au niveau du texte, je dirais que j'essaie de coller au plus près de ce que je suis, sans chichis ni conneries, je décris le tableau comme je le vois, le plus honnêtement et de la manière la plus critique possible. Les thèmes sont variés, ça commence par la caméra qui te filme dès que tu sors de chez toi, ça finit au poste en cellule de dégrisement, ça passera par Beyrouth, par Lausanne, Renens, Paris et sa banlieue, la grosse toile d'araignée est partout, celle du contrôle social et politique. Tant qu'il y aura autant de merde sous mes yeux, je ne pourrai pas parler d'autre chose.
Cette année, tu as enregistré un album avec le groupe de hip hop gazaoui Darg Team. Comment ça s’est passé ?
On a beaucoup travaillé à distance ; l'enregistrement de l'album, la conception des textes, de la pochette, tout. Et puis, à force d'acharnement avec les diplomaties et administrations concernées, Darg Team ont débarqué en Suisse en mai dernier. On a fait quelques concerts et puis ils ont continué de rouler leur bosse, ils ont rencontré d'autres MCs et protagonistes de la scène rap, ils ont bossé sur la création d'une nouvelle mixtape, qui devrait sortir bientôt. C'était chaotique et à la fois une expérience sans pareil.
-Être une fille qui rappe à Lausanne, qu’est-ce que ça implique ?
Être une meuf qui rappe, qui fait de la scène, qui chante, qui danse, bref je veux dire dans les milieux artistiques en général, ça nécessite d'être le plus carré possible techniquement. Souvent, les gens se rattachent à l'image émotionnelle que tu renvoies, sont incapables de la dépasser, n'écoutent au final pas ce que tu fais, se contentent connement de percevoir ta fragilité, ta ‘sensibilité’ de meuf, pour te lâcher en fin de concert : ‘Quand même, qu'est-ce que t'es touchante’. Généralement, je réagis assez mal (rires). Sinon, être une fille, ça te permet une visibilité probablement plus grande que pour un mec, parce que ça a un côté ‘alien’ qui interpelle et suscite la curiosité. Reste à voir ce que tu en fais. Ensuite, Lausanne, ça permet de bosser tranquille, dans une ville plutôt active au niveau du rap, où les ‘familles’ s'entendent assez bien, sans trop de clashs et embrouilles inutiles. À l'étranger, notamment dans des grandes villes en France, ça met un peu la pression et je hais devoir me justifier sur le fait que ‘non, je ne suis pas une bourgeoise suisse qui m'essaie au rap’. Donc on essaie de clarifier rapidement. On a d'autres problématiques, ici, en Suisse, je cherche ni à m'inventer un faux univers de banlieue, ni à dire que surtout je n'ai pas à me plaindre de ce que je vis. Lausanne, ça paraît frais face à une banlieue française, mais la merde est enfouie ailleurs. Dans les administrations, les postes de surveillance, et, bien sûr, dans les banques.
-On connaît le circuit du rock, un peu moins celui du rap : distribution, production, scène, comment ça se passe en Suisse romande ?
Il y a plusieurs familles un peu partout en Suisse, qui malheureusement ont parfois une sale tendance à très peu s'exporter (déjà hors de leurs propres villes). Avec l'arrivée d'Internet et le matos digital, il y a dix MCs qui naissent à la minute sur MySpace, dix mixtapes par jour, carrément, c'est devenu de l'incontinence. Après, comme le rap c'est devenu quelque chose de très morcelé (le rap ‘ghetto’, le rap ‘bling’, ‘electro hipster’, les ‘white trash’ même s'y sont mis, l'abstract, le rap soi-disant conscient, le rap ‘militant’, ...) pfff… c'est le bordel, donc voilà, dur de dresser un panel précis en quelques lignes. Après voilà, si tu veux ‘percer’ en francophonie, il faut l'avouer, il y a beaucoup de choses qui se jouent à Paris, Marseille. Pour le reste du monde, ça reste un peu confidentiel.
-Et actuellement, tu bosses sur quoi ?
Je repousse la sortie de l'album à la fin de l'année, album solo sur lequel je bosserai avec un beatmaker qui va s'occuper de toute la prod musicale du disque. Ça sera groove mais sombre à la fois. Les lives devraient reprendre en avril car là je suis sur deux tournages de films, eh ouais, j'agrémente mon parcours d'autres expériences. Mais chut, je n'en dis pas plus, vous verrez bien.
Géraldine
www.myspace.com/lagalemc
mis en ligne le : 30.03.11 par Kelly
Le quartier du Lignon à Genève, ce n’est pas uniquement une barre d’immeubles austères. Dans un sous-sol discret en zone industrielle, un jeune passionné propose aux groupes de la région de produire leur première maquette et de les aider dans leur promo (photos, page MySpace) ; pour presque rien. Motivé et entièrement acquis à la cause metalique, Sam nous présente Atomik Plastik Records, un studio d’enregistrement qu’il a équipé patiemment pendant cinq ans.
Atomik Plastik Records est né de ta passion pour la musique et de ton envie de faire quelque chose pour la scène locale.
-Peux-tu revenir sur les différentes étapes qui ont mené à la création du studio ?
Atomik Plastik Records est un projet commencé il y a cinq ans. J’avais un groupe punk, CKMD. On a enregistré avec un enregistreur tout pourri qui sonnait mal, à l’arrache dans notre local. À l’époque, je bossais chez Music Arts (magasin d’instruments genevois), j’étais en contact avec des pros et avec du matos, auquel je me suis progressivement familiarisé. Petit à petit, j’ai acheté du matériel de qualité, d’abord un meilleur micro, puis une petite table de mixage, puis un PC avec une bonne carte son,… Quand on a arrêté avec mon second groupe, D.o.M, j’ai récupéré le local dans lequel on répétait pour installer mes affaires.
-Peux-tu nous parler plus en détail de ce que propose Atomik Plastik Records ?
À la base, je pars du principe qu’on peut faire beaucoup avec peu. Le matos ne fait pas tout, avoir des mecs motivés est essentiel. L’idée est de faire une maquette correcte avec peu de fric. J’ai accumulé beaucoup de matos, j’aimerais en faire profiter d’autres groupes, histoire de leur éviter les galères des débuts. Actuellement, je bosse avec une carte son de huit entrées, le logiciel Logic pro, dans un studio presque complètement insonorisé. Je demande cinq cents francs pour une maquette, mais mon but n’est pas de faire de l’argent. Si ce n’est pas gratuit, c’est parce que j’y consacre beaucoup de temps, mais c’est aussi pour conscientiser les groupes. L’idée est que le groupe s’investisse dans le travail d’enregistrement, je ne veux pas avoir de mecs qui viennent pour peaufiner leurs morceaux. Quand ils se pointent en studio, ils doivent être prêts. Il y a là derrière une visée pédagogique : en venant enregistrer ici, les musiciens font une première expérience du studio. Je propose aussi de faire des photos : je m’y suis mis depuis peu et pour des shoots plus pros, le photographe Gabriel Asper propose ses services. Sinon, je m’occupe de créer les pages MySpace. Je ne suis pas ingénieur du son pro, mon travail reste amateur, mais je fais mon maximum. Atomik Plastik Records, tout est dans le nom : ‘atomik’ signifie qu’on veut avancer, ‘plastik’ fait référence au fait qu’on ne peut pas prétendre à une qualité vraiment pro.
-Qu’est ce qui te motive à vouloir faire profiter la scène locale de ton matériel et de ton expérience ?
Ça fait dix ans que je traîne dans le milieu de la zic. J’ai constaté qu’à Genève, c’est difficile de faire quelque chose pour les jeunes groupes : on n’a pas vraiment de structures de soutien, trouver un local pose problème, jouer dans des salles n’est pas facile non plus. Il y a un paradoxe, car la ville a de l’argent et de la place : on a par exemple la plaine de Plainpalais, on pourrait y faire plein de concerts. Mais voilà, pour les autorités c’est plus acceptable d’accueillir des écrans géants avec du foot. C’est dommage, il y a un potentiel incroyable et beaucoup de groupes souhaitent avancer. Moi, j’ai eu de la chance, j’ai pu acheter du matos, j’ai eu des conseils de pros dans le cadre de mon boulot et j’ai maintenant de quoi enregistrer les groupes de manière correcte. À terme, mon rêve serait de créer un monstre complexe : un truc légal, carré, à la Suisse (sourire), un centre avec plein de locaux aux tarifs acceptables, où les groupes pourraient répéter, une structure avec des gens qui aident à la promo et à la distribution des artistes.
-Quels sont les groupes dont tu t’es occupé jusque là ?
Wild Nation, Handle Care, Disagony, Basement Prophet et mes deux groupes, Ironoya et VermynA.
www.myspace.com/atomikplastikrecords
Géraldine
mis en ligne le : 30.03.11 par Kelly
MUM AND DAD (2008)
Réal. : Steven Sheil, avec Perry Benson, Dido Miles, Olga Fedori, …
2 Am Films, Em Media, Film London
Birdy et Elbie travaillent à l’aéroport. Une nouvelle collègue, Lena, rate son dernier bus pour rentrer chez elle. Les premiers l’invitent à la maison. Elle connaîtra alors les terribles secrets de la famille. Film anglais indépendant, celui-ci fut tourné avec la bagatelle de cent mille livres. Il est normal, dès cet instant, que le film soit plus axé sur la psychologie que le graphisme. Nous sommes conviés à vivre avec une famille de dégénérés qui s’est formée uniquement avec de parfaits inconnus. Le lot quotidien est fait de peur, de terreur, de lavage de cerveaux, de tâches ménagères et de séquestration, de torture et de dépravation. Tout ceci est géré par un père de famille montrant beaucoup de signes de défaillances mentales. Fait intéressant, la maison, délabrée, vieille, est faite d’objets qui semblent pris au hasard et agencés n’importe comment. Le ‘style’ se présente de manière très hétéroclite, et même si vous achetez les fins de stocks chez IKEA, ils ne peuvent pas être si curieux et si mal assortis que ce que l’on voit à l’écran. Une autre belle trouvaille consiste en l’éclairage utilisé, très simple et très sommaire, il semble avoir été étudié pour donner le maximum d’effets. Malgré ces bonnes choses, le film ressent toute cette pauvreté et possède une image de bricolage qui fait que l’on reste sceptique après la vision. [Dom]
mis en ligne le : 03.03.11 par fulopo
L’ORPHELINAT (2007)
Réal. : Juan Antonio Bayana, avec Belén Rueda, Fernando Cayo, Roger Princep, …
Esta Vivo ! Laboratorio De Nuevos Talentos, Grupo Radar, Telecinco, …
Laura décide de restaurer l’orphelinat où elle a grandi en un foyer pour enfants handicapés. Son fils Simon, plein d’amis imaginaires, en trouve un nouveau. Un jour, il disparaît en jouant avec son nouveau compagnon de jeu. Le début du film, très joyeux, nous est présenté avec du soleil et des couleurs claires. La suite, plus dramatique avec la venue des mystères, voit les tons s’assombrir. À partir de là, le soleil se fera plus rare et les nuages plus présents. Les jeux seront un des éléments centraux du film avec notamment ‘1, 2, 3, Soleil’ et ‘La Chasse Au Trésor’. Ces divertissements, très innocents pour commencer, vont se révéler plus pervers que cela, au grand dam de Laura et de son mari. Cette notion de jouer, entouré d’enfants, ajoute une sensation de malaise particulière. En plus de cela, Laura voit son passé refaire surface et doit également gérer la disparition de son fils. Ce rôle est très bien tenu par Belén Rueda qui éclipse le reste du casting, que ce soit en qualité et en minutage. Si l’on s’attend à un film d’horreur pur ou un thriller de mêmes caractéristiques, les notions d’amour maternel et d’amitié sont également présentes, et très importantes. Le final poétique et doux amer atteint des sommets en émotions que l’on ne voit pas tous les jours sur grand écran. [Dom]
mis en ligne le : 03.03.11 par fulopo
A BITTERSWEET LIFE (2005)
Réal. : Ji-woon Kim, avec Jeong-min Hwang, Yu-mi Jeong, Ku Jin, …
B.O.M. Film Productions Co.
Sunwoo est le bras droit de Kang, un redoutable chef de gang. Après avoir trahi ce dernier et le code d’honneur de la mafia, il est torturé pour obtenir des excuses. Dans son costard cravate taillé sur mesure et tiré à quatre épingles, Sunwoo, durant la première partie, exécute les ordres de manière exemplaire. Situés dans des endroits très haut de gamme, tous les codes du film noir sont présents, enrobés dans une esthétique très léchée, où le style coréen, très présent, rend le film hypnotique. L’action se déroulant lentement, les non-initiés peuvent penser que l’histoire s’enlise et que l’ennui est l’unique sentiment qui s’en dégage. Dès la sublime séquence de la punition sous la pluie battante, jusqu’à celle où Sunwoo s’échappe (ces deux scènes sont à couper le souffle), le film change de registre et on a l’impression d’assister à tout autre chose. Exit les fastes des décors tels que les belles voitures, les appartements de luxe, les villas et les clubs select. Place à un Hongkong miteux, aux endroits mal famés. C’est là que notre héros va préparer sa vengeance et l’exécuter. Celle-ci sera violente, implacable et sans pitié envers ceux qui étaient ses amis quelques jours avant. L’inévitable scène avec les truands complètement nœud-nœud ne manque pas. Nous faisant sourire, elle est bienvenue au sein de cette deuxième partie où l’action ne manque pas. [Dom]
mis en ligne le : 03.03.11 par fulopo
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