INTERVIEW - ØLTEN (2015)

ØLTEN (2015)

Doom, hardcore, sludge… La Suisse occidentale constitue depuis de nombreuses années un vivier de metal aussi lourd qu’inspiré. Avec à peine à EP sous le bras, Ølten a réussi le petit exploit de s’y imposer comme un groupe qui compte. Le premier album du combo, ‘Mode’, confirme ces noires promesses. Sans doute grâce à une certaine propension du trio à ‘mettre ses amplis très fort’, comme le rappelle à l’envi le guitariste Christoph Noth.


- Vous qualifiez votre style de ‘porn sludge’… Peux-tu ‘entrer’ un peu dans les détails ? Cette interview devra-t-elle être interdite aux moins de 18 ans ?

Non, pas du tout : nous sommes tous des papas capables de discernement …. Lors de notre première tournée un mec qui nous a fait jouer au Zer Alte Schmiti à Bâle, situé dans le quartier des filles de joie et il a dit : ‘Ølten ? Ah, ouais les mecs qui font du porn sludge !!!’ Ça nous a bien fait rire et, depuis, c’est resté.

- Votre musique est lourde et tourmentée. Mais sur les photos de groupe, vous semblez très complices, vous vous marrez… On peut donc faire du sludge et avoir de l’humour ?

Je pense que le jour ou on ne se marrera plus entre nous, ce sera la fin du groupe. Oui, nous faisons une musique certes très sombre, mais elle est le reflet d’une face de notre personnalité. Au fond nous sommes juste des mecs qui aiment boire , manger de l’animal mort et rigoler. Le fait est que, certains jours, nous avons le moral dans les chaussettes, comme tout le monde. Et mettre des amplis très fort, une fois par semaine, est une bonne thérapie.

- ‘Mode’ est votre premier album ‘complet’. Qu’avez-vous retiré de l’expérience de votre EP ? En quoi a-t-elle eu un impact sur la réalisation de ce premier album ?

Honnêtement nous avons fait cette EP un peu comme une lettre de postulation ; nous n’étions personne. Il a été super bien accueilli et nous a emmenés bien plus loin que nous ne l’espérions. Lorsque nous avons décidé de composer un nouvel album , nous avons décidé de plus travailler le son, ajouter des moogs. Mais, surtout, nous sommes arrivés en studio tel un groupe et non comme trois amis.

- Le son est très dense, composé de multiples couches de guitares. Comment s’est déroulé l’enregistrement ?

Tout a été fait en live ; nous étions les trois dans la même pièce. En concert, nous nous regardons souvent et il était essentiel pour nous de transmettre ça sur cet album . Pour le reste nous avions chacun deux amplis et nous aimons semer le doute, souvent on ne sait pas si c’est de la basse ou de la guitare et vice versa. Le tout avec beaucoup de pédales de distorsion et un batteur qui nous comble de joie et le tour est joué.

- La musique d’Ølten a la particularité d’être à 98% instrumentale. A votre avis, est-ce que c’est quelque chose de libérateur de composer, sans avoir à penser à laisser de la place au chant ?

Oui, un chanteur c’est chiant !!!! C’est toujours en retard , ça prend des plombes pendant les soundcheck !!!! Plus sérieusement, nous avions décidé à l’époque de faire de l’instrumental et nous faisons de l’instrumental. Je ne pourrais pas dire si c’est mieux ou pas.

- Petite exception à cette règle sur ce premier album : l’intervention du chanteur de The Old Wind. Comment s’est passée cette collaboration ?

Le caprice de trois ados s’est réalisé, grâce à notre réseau et aux réseaux sociaux. Nous avons écrit à Tomas en lui soumettant une compo et lui expliquant nous envies et le pourquoi de la démarche. Résultat : nous lui avons envoyé les pistes à Los Angeles, car il vit là-bas, et en retour, nous avons reçu ses pistes de voix. La chose s’est passée tellement simplement que je n’ai pas eu l’impression de travailler avec un mec qui possède un tel background. La discussion a été très facile… Tomas nous a dit : ‘ Je suis content de cette collaboration’.

- Ça ne vous manque jamais d’exprimer vos sentiments ou vos idées de manière plus directe, au travers de paroles ?

Non, je crois que nous y arrivons très bien par le truchement de nos instruments. Je crois que nous sommes capables de faire peur aux gens quand il le faut. Et j’ai toujours apprécié pouvoir faire passer des sentiments par la musique et non la parole.

- Je suis tombé sur une chronique dont l’auteur recommande à Ølten d’engager un chanteur pour son prochain album… C’est totalement hors de question ou c’est quelque chose auquel vous réfléchissez ?

Actuellement ce n’est pas à l’ordre du jour … On ne sait jamais de quoi l’avenir est fait mais les choses se passent tellement bien à trois que nous ne voyons pas la nécessité d’ajouter une quatrième personne, si ce n’est un mec qui nous véhicule tout le temps et porte nos amplis (rires).

- Après la pochette très ‘alpine’ et enneigée de votre EP, vous voyagez vers l’Afrique et le soleil avec celle de ‘Mode’. Qu’avez-vous cherché à exprimer avec elle ?

Ølten ne serait rien sans notre ami et graphiste Laurent Güdel. Chaque pochette est un peu comme une aventure avec ce mec. Il écoute, réfléchit et propose. Sur ce coup-là , il s’est adjoint les services de la talentueuse Michal Florence Schoro pour ce résultant qui nous a soufflés. Je dirais que nous aimons l’absurde et une dame noire en boubou avec un bouc sur un fond orange c’est un peu comme un trio instrumental avec un Ajoulot, un Delémontain et un Bernois … On se fait plaisir et on verra ce que les gens en pensent.

- Est-ce que vous avez une imagerie en tête, lorsque vous composez ?

Non, pas vraiment .Pour exemple, le tire ‘Güdel’ a été composé après un dîner tourmenté avec ma génitrice. Je me rappelle être arrivé bien agacé au local, j’ai mis mes amplis très fort et ce riff est sorti d’un coup… Après, pour d’autres compos, nous jouons ensemble, on essaie plein de choses. Et lorsque nous avons tout cette expression sur notre visage qui dit ‘là, ça chie’, on explore cette piste.

- Beaucoup de groupes romands se plaignent d’avoir peu d’occasion de jouer en Suisse allemande, et, à l’inverse, les formations alémaniques ont de la peine à se produire de ce côté de la Sarine. Mais pour Ølten, le Röstigraben ne semble pas exister. Comment l’expliques-tu ?

Bonne question. Cela fait partie de la merveilleuse inconnue de notre pays. Nous avons un booker alémanique , un bassiste Bernois… Serait-ce la solution ? (rires) Mais honnêtement ce n’est pas la prmière fois qu’on me pose cette question et, à chaque fois, je ne sais pas quoi répondre car je n’en sais rien.

- Un petit mot sur les concerts à venir ? Il y en a pas mal !

Nous sommes vraiment contents de toutes ces dates. A la fin de l’année, nous avons une petite tournée en Suisse avec deux monuments du hard suisse :Zatokev et Unhold ….. Avaler des kilomètres, boire des bières et mètres des amplis très fort : ce programme qui nous comble de joie. En résumé : BOIRE BIERE BRULER VILLAGE !!!!!!!!!!

www.oltenmode.com

[Dave]

Interview réalisée par e-mail en août 2015

mis en ligne le : 30.11.15 par Mikamika

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