INTERVIEW - CORONER (2011)

CORONER (2011)

S’il est un groupe que l’on pensait ne jamais pouvoir interviewer, c’est bien Coroner. Depuis leur séparation en 1996, tout espoir de reformation semblait vain. Jusqu’à cette bannière aperçue au Hellfest 2010 proclamant le retour du trio sur la prochaine édition de l’événement. Mais qu’est-ce que Coroner ? Juste une magistrale baffe assénée dans les années 1980, quand trois petits Suisses ont montré à la scène metal que thrash pouvait rimer avec haut degré de technicité. Impossible d’oublier la claque reçue à la première écoute de ‘Masked Jackal’. Impossible d’oublier ce concert dantesque à l’Usine où les roadies ont dû déplacer tout le matériel du groupe au fond de la scène pour laisser celle-ci libre au stage-diving incessant. Alors que Coroner fera son retour sur scène le 23 avril aux Docks de Lausanne, le batteur Marquis Marky évoque cette renaissance chargée en émotions.



- Marquis, la question qui brûle les lèvres de tout le monde est de savoir ce qui a pu vous motiver, après tout ce temps, à reformer Coroner.

La motivation principale était l’argent, évidemment. Après les quelques shows qui vont venir on va enfin pouvoir arrêter de travailler dans nos mines respectives pendant quelques années. Non je déconne ! Soyons sérieux. Tu sais, ça fait dix ans à peu près qu’on voit tous ces blogs où les gens continuent à parler de nous. Tu vois sur YouTube des clips de jeunes qui s’évertuent à faire des reprises de nos morceaux. Comment te décrire le compliment que cela peut être pour nous ? Tu imagines ? Ça fait depuis 1996 qu’on a splitté. Maintenant en ce qui me concerne, il n’était pas question de rejouer la musique composée il y a vingt-cinq ans. Tommy (T. Baron, guitariste), Ron (Royce, chant, basse) et moi avons eu beaucoup de discussions sur le sujet. On s’est rencontrés en 2009 pour réunir les différentes vidéos que l’on avait archivées dans l’optique de créer un DVD ou quelque chose du style sur Coroner. Une chose en entraînant une autre, on nous a proposé de jouer dans quelques festivals et, quelque part, ça nous a rapprochés, donné envie de refaire des jams ensemble… Ça faisait tellement longtemps ! Mais bon, c’était moins catastrophique que je ne le craignais.

- Beaucoup de personnes pensaient que cette reformation n’aurait jamais lieu. Franchement durant toutes ces années, est-ce que tu as pensé qu’un jour cela se produirait ?

Je ne parle qu’en mon nom : je n’ai jamais fait de gros efforts pour qu’on se réunisse et qu’on rejoue les mêmes choses qu’avant. Bien sûr, les tournées me manquent. Mais j’ai exploré d’autres styles musicaux comme la musique électronique que j’ai toujours aimée. Je me suis vraiment amusé à créer moi-même des lignes de basses, des mélodies et des rythmiques. Un de mes projets était appelé Spoo et un autre Knallkids. C’était vraiment agréable de profiter de cette scène très créative dans les clubs, ici à Zurich, ma ville natale, qui était considérée comme si ennuyeuse quelques années auparavant. J’étais trop occupé avec tout ceci pour regretter les années Coroner. À la fin des années nonante, j’avais rejoint Tom G. Warrior pour son projet Apollyon Sun et ça a duré deux ans. En fait, c’est la dernière fois que j’ai joué de la batterie dans un groupe. Tommy, lui, a monté Clockwork juste après Coroner. Il a été très occupé à tourner avec Stephan Eicher et Kreator après ça. Actuellement, il est sur scène avec 69 Chambers et est producteur dans son propre studio, le New Sound Studio. Ron a également travaillé sur du nouveau matériel au cours des années passées, mais il n’a jamais rien sorti jusqu’à maintenant.

- Comment s’est déroulée votre première répète ? Ce n’était pas un peu bizarre de remettre Coroner sur les rails ?

Je te mentirais si je te disais que la première répète n’a pas été un vrai ‘trip’. Tous les souvenirs me revenaient en tête. Tu sais, les premières années, on jammait six jours sur sept. Sans blagues ! On se sentait super mal dès qu’on faisait un break de deux ou trois semaines. Et là, ça faisait quatorze ans !

- Vous aviez un niveau technique remarquable à l’époque. A-t-il été facile de retrouver cette maîtrise ?

C’est vraiment beaucoup de boulot pour retrouver notre niveau de 1996 évidemment. Mais je pense qu’on en était tous conscients et on ne s’attendait pas vraiment à des vacances à la plage. Pour le moment, ça ressemble plus à un camp d’entraînement, disons.

- Avez-vous déjà une idée des morceaux qui feront partie de la nouvelle aventure de Coroner ?

Nous allons certainement jouer les morceaux de notre ‘Farewell Tour’, incluant des titres de la première époque comme ‘Reborn Through Hate’, ‘Masked Jackal’ mais également les trucs plus récents comme ‘Golden Cashmere Sleeper’ ou ‘Internal Conflicts’. Après toutes nos tournées, on sait quels morceaux on a du plaisir à jouer et ceux que les fans aiment écouter live. Il y a des chansons qui donnent super bien sur album mais qui n’ont pas le même impact sur scène. On aura la chance d’avoir Daniel Stössel qui jouera du synthé et des samples pour les gigs à venir. Il était déjà avec nous sur la dernière tournée pour créer l’atmosphère. On aura aussi notre ‘quatrième membre’, Lu Cubello (chanteur de Clockwork et à la tête du staff Coroner) qui fera les dates avec nous et chantera sur ‘Der Mussolini’.

- Sur les forums et les blogs, on peut lire beaucoup de réactions positives quant à votre reformation. Les gens semblent attendre beaucoup de votre retour. Ressens-tu cette pression ?

Évidemment, il y a beaucoup de pression qui vient d’un peu partout, nous y compris. Tu as toujours ce souvenir un peu flou quand tu te rappelles un truc du passé… Du genre : le meilleur film que j’aie vu ou le meilleur concert auquel j’aie assisté. Peut-être qu’on enjolive trop le passé et il y a un risque d’être déçu, que ce que tu vois dans le présent ne ressemble pas aux souvenirs du ‘bon vieux temps’. Mais sois sûr qu’on va s’éclater. Bien sûr, le metal a beaucoup évolué depuis notre split, mais l’avantage de Coroner est que notre style est unique et ce sera un vrai voyage dans le passé et les origines du thrash metal. On va proposer quelque chose de juste et honnête.

- À propos d’Internet, j’ai été plus qu’étonné de voir que vous n’avez même pas un site web officiel. C’est un problème de temps ou vous n’êtes pas intéressés par ce média ?

Le site de Coroner était tenu par une Américaine, Carol, fille de Lilith. Elle a fait un super boulot sans aide. Même si on ne s’est jamais vraiment impliqués, on était plus que satisfaits de la plate-forme qu’elle a créée. Après pas mal d’années, elle a décidé d’arrêter de tenir le site à jour mais il est toujours disponible sous coroner.awardspace.us.

- Pas mal de gens espèrent que cette reformation débouchera sur de nouveaux morceaux, et, pourquoi pas, un nouvel album. Quels sont vos plans ? Vous avez déjà des labels qui vous ont contactés ?

On n’a pas de plans actuellement pour sortir du nouveau matériel. Peut-être que nous retournerons travailler sur notre idée de DVD, à la fin de l’année.

- Les shows sont également un sujet brûlant. Vous allez commencer par le show aux Docks de Lausanne, durant l’Impetus Festival, le 23 avril prochain. Pourquoi avoir choisi ce festival pour votre retour ?

On a juste l’intention de jouer dans quelques festivals. Il n’y a pas de raison particulière derrière notre venue à l’Impetus pour le premier show… Mais par contre, c’est génial que le premier show se fasse en Suisse.

- Je sais que vous allez également jouer au Hellfest. Avez-vous d’autres festivals en tête ?

Après l’Impetus, le deuxième concert se ferra au Maryland Death Festival, à Baltimore, le 29 mai. Après, il y aura le Hellfest, le 18 juin, puis le Bloodstock Festival, en Angleterre, le 23 août. Je sais qu’il y aura encore quelques shows en Suisse après ça, mais c’est tout pour le moment.

- On arrive déjà au bout malheureusement, je te laisse le mot de la fin pour les fans…

Tout ce que je peux dire c’est qu’on n’en peut plus d’attendre de détruire au maximum vos tympans et vos nuques ! Reborn Through Hate !

coroner.awardspace.us

Indy

Interview réalisée par e-mail en février 2011

mis en ligne le : 14.04.11 par indy

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