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WACKEN OPEN AIR | Wacken, Allemagne
31.07-02.08.2014
Jeudi 31 juillet
C'est donc sous la pluie que nous sommes partis de ma belle région strasbourgeoise, direction les prairies ensoleillées du nord de l'Allemagne. Après une bière et un repos bien mérité nous voilà fin prêts pour cette vingt-cinquième édition du Wacken Open Air. Au programme cette année, de la metal battle en veux-tu, en voilà. Pour les non-familiarisés avec le concept, ce sont des gagnants de tremplins organisés par pays. C'est le moment d'aller faire un petit tour sous la Wet Stage, avec Hellhound qui nous vient tout droit du Japon. Malgré un son qui laissait plus qu'à désirer, les Japonais ont défendu leur place bien méritée, en nous délivrant un heavy bien léché, à la limite du too much. Arborant fièrement des vestes à patchs, sur l'une desquelles on peut lire ‘Keep It True’, cela laissait supposer des influences heavy underground auxquelles on pouvait s'attendre. Bien qu'ils ne réinventent pas le genre, on pourra cependant savourer les prouesses techniques. Après plus de dix ans d'existence, il était temps que ce festival leur accorde enfin une faveur, d'autant qu'ils s'expriment dans un style dont nos amis teutons raffolent. La preuve, le public semblait réceptif et ravi du show ! Avez-vous déjà vu un groupe de black chinois ? C'est avec un nom de style bien ringard que les beaux gosses d'Evocation viennent nous désensabler les portugaises. Après une introduction d'ambiance mélange entre oriental et noirceur, ils enchaînent sur un son bien lourd, rapide. Chevelure au vent, ils ne cessent de nous étonner, déployant un bon black certes peut-être pas des plus originaux mais techniquement maîtrisé et efficace. La présence d'un double chant alternant aigu et grave vient renforcer les compositions déjà bien achalandées. Mais moins de vingt minutes, c'est court pour cette démonstration, mais en attendant c'était une bonne claque. Comme vous le savez tous, un Wacken sans son traditionnel groupe de reprises Skyline serait surprenant. Le site est déjà blindé. Cette année, les reprises furent plutôt sympas, on commence par un trépident Manowar, mais bon une cover de Manowar ne reste toujours comment dire, qu'une très pâle copie. S'ensuivent quelques classiques type ‘Fear Of The Dark’ et ‘Bark At The Moon’. Mais il restait un atout pour se mettre le public dans la poche, nous balancer un petit ‘Engel’ de Rammstein : en Allemagne ça fait son effet bœuf. Et enfin, on finit avec leur hymne ‘There Will Be Metal’. Bref, tout ça après pour se payer une fanfare qui a enchaîné des reprises de techno, pop, dance et tout ce qui peut encore être hors sujet, cela avant de voir arriver Doro (oh quelle surprise) pour nous chanter son classique, ‘All We Are’. Eh oui, ce n'est pas encore demain que Wacken se passera de son petit manège 666% deutsch. Mais attendez, la blague n'est pas finie, cette année ils ont également décidé d'inviter le comique Bulent Ceylan. C'est donc pendant plus d'une demie heure qu'il a fait le bonheur des Allemands, et s'est passablement moqué de nous pauvres étrangers qui ne comprenions pas sa langue. Enfin bref...
C'est enfin à 18h que le festival commence réellement, les festivaliers eux aussi décident alors de se réveiller pour cette soirée qui s'annonce so heavy ! Entrée en scène d'Hammerfall. Le public est unanimement conquis, et entonne les refrains à pleins poumons. La setlist porte sur l'intégralité du premier album : ‘Glory To The Brave’. Malgré le fait que certains les soutiennent, ces vieux titres ont mal vieilli, mais on ne peut nier le charme et le ‘old school spirit’ qui s'en dégage. Pour rappel, quelques titres plus récents, dont une exclusivité du dernier album ‘Bushido’, avant de finir en fanfare sur ‘Hearts On Fire’. La foule est aux anges et les Suédois sur scène nous le rendent bien par leur énergie et leur bonne humeur. Après une pause ravitaillement, nous voilà de retour sur le terrain pour un habitué des lieux : Saxon. C'est donc dans une fosse blindée, que nous devons nous faufiler pour essayer d'entrevoir la scène. Cette année, c'est un concert événement (nous le concédons, à Wacken, c'est la grande mode de faire ce genre ‘d'inédit’) car ils fêtaient leurs trente-cinq ans d'existence, avec une setlist préalablement définie par les fans par l'intermédiaire de leur site web. De plus, il était prévu que la moitié du concert se déroulerait avec un orchestre symphonique, ce qui en soi est une très bonne idée, mais qui dans la pratique l'est un peu moins. En effet, c'est avec déception que j'assiste à ce concert manquant visiblement de peps. De plus la présence de l'orchestre symphonique ne procure aucune profondeur, mais au contraire une certaine lourdeur, pour au final donner un rendu sans relief. Habitué des shows où l'on sautille pendant une heure, c'est avec beaucoup de mal qu'on adhère à celui-ci qui nous laisse une certaine amertume, alors que tout l'annonçait comme épique. Cette première journée se terminera avec Accept, un groupe made in Germany comme on les aime. Dans l'ensemble pas grand-chose à leur reprocher. En effet, on pourra se délecter devant un chouette set, mais ne prenant pas trop de risques en jouant les classiques dont chaque zicos connaît sa partie sur le bout des doigts. Mais cependant, bien que la prestation résonne très bien dans nos tympans, quelques petits détails auraient pu donner un peu plus de mordant. En background, d’une part des écrans géants disponibles mais peu utilisés, et qui plus est à mauvais escient, et d'autre part la placidité des musiciens. Malgré cela, on finira cette première journée par une note positive.
Vendredi 1 août
Après le petit déj', nous voilà tout ouïe devant le groupe de black metal symphonique taïwanais : Chtonic. Décidément, le metal asiatique semble être à l'honneur cette année. Non pas que leur musique révèle un nouveau genre, mais le show en lui-même vaut quelques points. De par la présence d'instruments traditionnels asiatiques et de sa bassiste Doris Yeh qui en fait baver plus d'un. Malgré un son peu soigné et une batterie trop présente, on prend plaisir à revoir ce groupe au Wacken. En effet, les musiciens déploient une belle présence scénique et enchaînent les titres, dont certains seraient dignes de passer pour des hits. C'est sous une chaleur accablante qu'on enchaîne avec Skid Row. La setlist est un pur délice, composé principalement de vieux titres (dont la plupart du premier album), d'une reprise des Ramones, ainsi que de trois compositions du nouvel album. Les musiciens étaient motivés et regorgeaient d'un enthousiasme qu'ils ne se sont pas privés de partager avec nous. Ainsi ce fut plutôt dans la bonne humeur que l'on a pu accueillir les nouveaux titres, dont le rendu en live est positif. Et pour les avoir vus quelques semaines auparavant au Hellfest, cette prestation était de loin bien meilleure. Après quelques bières de rafraîchissement, de retour sous le soleil pour Five Finger Death Punch. Malgré un nom sonnant hardcore au menu, les compositions sonnaient plutôt comme un hard rock frais et groovy. Certes, cela ne casse pas trois pattes à un canard, mais cela n'empêche pas d'avoir une prestation plutôt bonne et rythmée, et laissant généralement une bonne impression. Je fus tout de même assez étonnée de constater que ce dernier cumulait autant de fans, mais restant majoritairement assez jeunes. Place au groupe de Vinnie Paul : Hellyeah!. Voilà déjà sept ans que ce groupe fait son petit bonhomme de chemin. Ayant eu un souvenir quelque peu amer du dernier show auquel j'ai assisté il y a quelque temps, il me tardait de les revoir sur scène après un dernier album nettement plus axé sur un son groove à la Pantera. Chad Gray et sa bande nous offrent un très bon show avec beaucoup de punch à revendre. Il est toujours agréable de voir que les dernières compositions font leur petit effet en live, parfois revenir aux valeurs sûres peut avoir du bon. Cela dit, malgré les points positifs, il manque toujours le petit truc pour que le combo se démarque et fasse vraiment mouche. Et c'est parti pour un peu de hard rock old school avec Black Star Riders. Comme pour Thin Lizzy, force sera de constater que le groupe ne joue pas sur une scène principale mais sous une des tentes du W.O.A. Les bad boys irlandais nous montrent qu'ils en ont, des guitares ! Trois guitares électriques qui réalisent la prouesse d'être complémentaires et non redondantes tout en étant toutes audibles individuellement. Après le début explosif sur un morceau de Thin Lizzy, le groupe nous fait découvrir trois de leurs compositions récentes de bonne qualité ! Il s'ensuivra une fin de concert avec un ton plus folk et caractéristique des morceaux de Thin Lizzy, qui seront joués. Le final sur leur titre phare ‘The Boys Are Back In Town’ est dantesque. Yeah girls, get tour knickers down ! Alors que la foule s'accumulait devant la mainstage pour Motörhead, j'ai sciemment fui cette dernière pour assister à l'un des moments les plus forts de la journée. Ce que j'aime particulièrement chez Carcass, c'est l'indéniable charisme et humour du chanteur ; certes piquant et thrash mais terriblement fun (surtout si on le prend au dixième degré). Sur scène, le groupe est tout simplement déchaîné, laissant rugir les guitares avec une agressivité extrême. Si nous nous montrons insensibles à la finesse des paroles (oui parfois, il peut être utile de ne pas comprendre l'anglais), en revanche il est assez dur de ne pas l'être face aux prouesses techniques incontestables délivrées sur scène. C'est une leçon magistrale et de qualité en matière de death. Nous sommes totalement convaincus et conquis par les british. Slayer, c'est Slayer ! Et il est toujours délicat de les juger, car il n'y a pas à dire c'est toujours jouissif de les voir sur scène. C'est le genre de groupe à qui on peut tout pardonner, ou presque ! Si je devais choisir un mot pour les décrire, ça serait : royal ! Bien que le son fût assez crade dans l'ensemble, et une basse beaucoup trop mise en avant, on ne peut que rentrer dans le set et hurler les titres à tue-tête jusqu'à s'en briser les cordes vocales. Pas le temps de reprendre son souffle, Slayer déroule les tubes à un rythme très soutenu. Que dire de plus, bien entendu on pouvait admirer Kerry et son look toujours aussi thrashement classy. Et, cerise sur le gâteau, un sourire d'Araya ! Côté public c'était simplement un joyeux bordel ! Yaaaaaaaaaaa ! C'est comme à la messe ou presque... Disons plutôt une messe démoniaque. Il est l'heure pour Kim Bendix de sonner les cloches. Le king, comme à son habitude, nous fait part de ses exercices de style lyriques. Que cela déplaise à certains reste compréhensif, King Diamond reste bien trop spécial pour faire l'unanimité. Malgré un décor sombre et une mise en scène malsaine, dérangeante et pourtant captivante, on assiste à un concert plat. Bien que cela soit impeccablement interprété côté instruments, les vocalises ne sont pas toujours à la hauteur. De plus les longs moments de blanc entre les chansons finissent de tuer le set. En somme, voilà un concert bien loin de l'effet escompté. On finit cette journée par WASP, dont la bonne surprise fût le choix de la setlist : principalement orientée sur les titres de leur première galette éponyme (qui soit dit en passant reste de loin ma préférée). Pour ceux qui se poseraient la question, non, Blackie n'a quand même pas daigné rejouer ‘Animal’, il y a certains principes auxquels apparemment on ne déroge pas. Sur scène, l'ambiance est mitigée, en effet on ne semble pas déceler une réelle motivation de l'artiste (d'un autre côté venant de sa part, ce n'est pas très étonnant), et d'autre part, on ne compte plus le nombre de pains et boulettes dans le chant... Dommage, on aurait pu s'attendre à beaucoup mieux ! Et le final de cette journée sera sur le classique ‘Blind In Texas’ !
Samedi 2 août
Et nous voilà déjà au dernier jour. Le temps file résolument trop vite en festival ! La journée commence par un dur choix entre celui d'Arch Enemy, qu'on a déjà vu cinquante fois mais avec la nouvelle chanteuse, ou celui de Prong, déjà plus rare mais avec une belle montée en puissance depuis sa reformation. La chaleur et la flemme remportent le duel, je m'arrête donc devant Arch Enemy. Il était vrai que ces derniers temps le groupe s’essoufflait à vue d’œil, et heureusement que ce switch de chanteuses arriva à point nommé, donnant réellement un coup de boost à l'ensemble. On manquait d'air et on tournait en rond, Alissa s'est chargée de faire tourner le vent et qui plus est en sa faveur. La charmante québécoise sait s'imposer sur scène. Certes de par son look sexy et décomplexé, mais aussi de par son chant puissant et sa présence scénique. C'est donc devant un Wacken blindé qu'elle vient redorer le blason et donner une bouffée d'air frais à ce groupe si fétiche des Allemands. Comme d'habitude, côté instrumental on assure et on reste sur de bons classiques. On notera aussi la présence de nouveaux titres tirés du dernier album. Bien qu'il soit controversé, notamment par les puristes, en live le résultat est assez honorable. Un classique du thrash allemand : Sodom. Pour cette année, ils ont décidé de faire un retour aux sources, avec un set basé principalement sur les premiers opus. Ce qui en soit est tout à leur honneur. Du bon vieux thrash old school bien gras, doublé d'un son crade, on se serait presque cru dans une machine à remonter le temps ! Que dire, hormis égal à eux-mêmes, un groupe rôdé et bien que sans surprise, un plaisir à l'écoute pour les auditeurs ! Le public cependant reste bien calme. (On mettra aussi ça sur le compte de la chaleur qui n'aidait pas vraiment à bouger.) On retrouve Behemoth, devenu un classique incontournable des festivals européens depuis ces dernières années. Le show est huilé et rodé aux petits oignons. Mais le problème de ce genre de concerts, lorsque c'est trop calculé, c'est que c'est aussi sensiblement toujours le même genre de gigs sur une tournée. La machine se met en marche et déroule son set. Bien que ce dernier ne fût pas des plus sensationnels non plus, la saveur est conservée, les titres fusent et les fans semblent comblés. Alors que demander de plus ? Je ne félicite vraiment pas l'organisation de Wacken pour cette faute de goût inexcusable : faire jouer Emperor en pleine journée ! Non, sérieusement, mais vous avez vu ça où ?!? On pouvait pratiquement réintituler la tournée ‘In The Dayside Eclipse’... Je ne suis pas d'accord, un groupe aussi mythique, et qui plus est de black, ça se joue pendant la nuit. Bref, après ce petit coup de gueule, revenons à nos Norvégiens. De les voir jouer l'intégralité de ‘In The Nightside Eclipse’ est juste orgasmique. Certes pas peinturlurés et Ihsahn aux allures de papy avec ses lunettes, ça ne fait peut-être pas très black metal spirit, mais cela n'empêche guère de garder tous les agréments de ce cultissime groupe. Impressionnant, monstrueux, incontestable, techniquement et vocalement. On se rapproche tout simplement de la perfection ! Le seul point noir fut le public, je m'attendais à beaucoup plus de monde, mais cela ressemblait plus à des élitistes rassemblés devant leur maître ! On regrettera également ce concert en pleine journée, faisant tomber à plat le splendide jeu de son et lumière. Ce concert pour ma part est indubitablement le meilleur de cette édition. Le site n'est pas simplement bondé mais surbondé. La fosse trépigne d'impatience pour l'entrée en scène d'Amon Amarth. C'est donc sur la pointe des pieds que j'ai vaguement entraperçu le décor avec les proues de bateaux sur scène. Et c'est parti pour un peu plus d'une heure de folie. Les chouchous des Allemands sont clairement au summum de leur succès. Et pourtant le choix de la setlist n'est pas des plus judicieux, (manque des titres phares, rajout de titres dispensables) mais cela ne semble pas ébranler la foi de nos amis germaniques. Quant au son, il était étrangement relativement très bon quel que soit l'endroit où on se trouvait, et la prestation n'était, elle non plus, pas à remettre en cause. On assiste alors à une débandade hystérique aussi bien sur scène que dans le public. En vingt-cinq ans, ils n'avaient encore jamais joué au Wacken, Sir Mustaine et sa bande nous font enfin honneur de leur présence. Après une introduction complètement ratée, le son s'étant coupé subitement pendant le lancement de la vidéo (à croire qu'ils avaient embauché un stagiaire ingé son pour l'été), Megadeth fait timidement son entrée sur scène. Après un début quelque peu fastidieux, la bande rentre enfin dans le set, et les tubes s'enchaînent à tire-larigot. Bien qu'après Amon Amarth le site se soit plus ou moins vidé, il fut fort heureux de constater que les premiers rangs de la fosse furent exaltés, montrant fièrement qu'ils connaissaient les titres par cœur. L'excellente surprise du set fut ‘Tornado Of Souls’ qui était délaissée depuis un bon moment déjà (excepté pour la tournée anniversaire de RIP). Pour ma part, je terminerai cette édition avec un autre grand classique du thrash allemand : Kreator. Je m'attendais à voir beaucoup plus de monde que ça, mais apparemment certains ont préféré mettre les voiles avant les redoutables embouteillages du dimanche matin ! Comme d'habitude le show est sur mesure, chacun connaît son rôle à la perfection, et bien entendu c'est sans compter également sur l'ardeur de Mille, qui motive les festivaliers. On commence par l'intro du dernier album suivi de ‘Phantom Antichrist’. Juste parfait pour commencer le set enflammé au cours duquel s'ensuit une foule de tubes. Sur scène, les zicos sont en feu et débordent d'énergie, le public reste plus modéré mais heureusement, une partie de la fosse vient remédier à ça et hurle les chansons avec le peu de voix qu'il nous restait après trois jours à s'égosiller.
Dimanche 3 août
6h du matin, malgré la fatigue, on se motive, on plie bagage et on se donne rendez-vous l'année prochaine pour une nouvelle édition ! [Anne-Sophie]
mis en ligne le : 06.11.14 par Mikamika
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