INTERVIEW - Tommy Vetterli (2010)

La Suisse a engendré quelques fleurons de la scène metal. Krokus et Gotthard évidemment, mais également Celtic Frost et ceux qui restent dans la mémoire collective metal comme étant le groupe le plus mal récompensé pour son talent : soit Coroner. Tommy Vetterli était le guitariste prodige de ce groupe culte. Après avoir fait un tour du côté d’Eicher et de Kreator, Tommy s’est concentré sur la production en ouvrant son propre studio, le New Sound Studio. De retour sur les routes pour quelques shows avec 69 Chambers, c’était l’occasion de faire un tour d’horizon de sa carrière et de voir quel souvenir il a gardé de toutes ces années passées sur la route. (A noter que cette interview a été faite avant l'annonce de la reformation de Coroner)



- Commençons par le tout début si tu veux bien. Qu’est-ce qui t’a poussé à choisir la guitare comme instrument ?

Ouf, ça fait longtemps ! En fait au début j’ai appris le violon, je devais avoir neuf ans. Puis un jour j’ai vu Jimi Hendrix à la TV et je me suis dit que c’était tellement plus cool que de jouer du putain de violon… En fait, j’ai commencé à faire de la guitare électrique vers douze ans.

- Qui t’a appris à jouer, tu as suivi une école ?

La plus grande partie, je l’ai apprise moi-même. J’ai pris des leçons au tout début pour avoir de bonnes bases, mais après je me suis débrouillé. Répéter des gammes et ce genre de chose ne m’intéressaient pas trop. J’ai appris en écoutant des albums d’AC/DC par exemple, j’ai appris tous les riffs. Je pense que c’est vers seize ans que j’ai vraiment commencé à être à fond dans la guitare. En parlant d’école, j’en ai quand même fréquenté une, mais plus tard, après que le premier album est sorti, je suis allé dans un conservatoire de jazz.

- Coroner a été ton premier groupe ?

Non, non, j’en ai eu plusieurs avant, mais je dois t’avouer que je ne me rappelle même plus leurs noms. En fait, je rentrais dans un groupe qui avait souvent de meilleurs guitaristes que moi, j’apprenais leur technique et après j’allais dans un autre groupe (rires).

- Coroner a toujours été un groupe très expérimental. C’était votre conception du metal, une volonté d’apporter des sonorités nouvelles ou ça a plutôt été un concours de circonstances ?

Je n’étais pas trop dans ce trip de metal au début, c’était très heavy. Malgré tout, quand on a commencé à jouer ensemble, tout semblait très naturel. Chacun apportait ses idées et tout se mélangeait d’une manière très limpide.

- Les morceaux les plus expérimentaux sont arrivés avec votre best of, un morceau comme ‘Golden Cashmere Sleeper’ par exemple. Pourquoi avoir attendu cet album final pour faire découvrir cet aspect de votre musique ?

En fait, ce genre de morceau était typique de ce que nous faisions en répétitions. C’était peut-être un peu nouveau pour les fans, mais pour nous cela faisait des années qu’on jouait ce genre de morceau. Nos répètes étaient souvent de longues jams qu’on n’enregistrait jamais. Pour ce best of, on a voulu inclure ce genre de morceau, simplement.

- Allez, la question que tout le monde se pose. Pourquoi Coroner s’est arrêté ?

On a pu lire beaucoup de choses, comme par exemple de potentiels problèmes avec votre label, mais quelle est la vraie raison ?
On a eu beaucoup de problèmes avec tout le côté business, c’est vrai, mais c’est surtout la combinaison de beaucoup d’éléments. La raison principale était que cela faisait douze ans que le groupe existait et on voulait faire des choses différentes.

- Une dernière question sur Coroner. Tu sais que de nos jours on est submergés par les films, les mp3. À chaque concert, il y a des fans avec des petits appareils qui filment, les vidéos sont sur YouTube, etc. La seule trace vidéo que l’on ait de Coroner, c’est cette vidéo ‘Live In East Berlin’ qui ne vous fait pas forcément honneur. Tu n’es pas un peu frustré de ne pas avoir laissé plus de traces de vos prestations live ?

C’est vrai que la vidéo à Berlin n’est pas géniale, la scène était trop grande, entre autres, mais tu sais on a encore du matériel en réserve. Pas forcément des vidéos avec beaucoup de moyens, des trucs qu’on a filmés nous-mêmes, mais on a dans l’idée de les sortir un jour.

- Après le split, j’ai été vraiment surpris de te voir avec Eicher. Qu’est-ce qui t’a pris ? Eicher voulait rendre sa musique plus heavy ?

(Rires) Tu sais, c’était à l’époque où tous ces groupes de Seattle perçaient. Chaque combo se devait d’avoir son guitariste à cheveux longs, c’est la raison pour laquelle j’ai eu le job (rires).

- Tu as aimé faire partie de l’Eicher band ?

Oh oui, énormément !

- Tu as rejoint Kreator ensuite. Il est très surprenant de constater que les deux albums que tu as enregistrés avec Kreator ont été les deux albums les plus différents de leur son ‘habituel’. Tu as eu de l’influence sur l’écriture des morceaux, c’est toi qui as voulu cette direction ?

En fait non, ils avaient déjà décidé de prendre cette direction un peu plus mélodique. Le problème a été que ces albums se sont mal vendus et ils me le reprochent à présent (sourire en coin).

- Tu es allé voir un concert de Kreator ou d’Eicher récemment ?

Je voulais aller voir Kreator la dernière fois qu’ils ont joué au Z7, si je me rappelle bien, mais je suis tombé malade et je n’ai pas pu y aller.

- Si mes infos sont correctes, tu as également créé un groupe appelé Clockwork. Tu peux nous donner quelques détails sur ce projet ?

C’était dans la période entre Coroner et Eicher. C’était un projet très fun, mon guitar roadie était le chanteur. On a eu des propositions de majors, la compagnie qui s’occupait de Gotthard était intéressée par exemple, mais ça n’a pas duré.

- Parlons maintenant de ton activité actuelle. Tu es passé de l’autre côté de la console et tu as créé le New Sound Studio. Qu’est-ce qui t’a poussé dans cette direction ?

Déjà à l’époque de Coroner, j’enregistrais beaucoup de choses, les démos, les préproductions. J’ai donc commencé tout petit et de là j’ai essayé de créer quelque chose qui a fini par le New Sound Studio.

- J’ai entendu l’album d’un des groupes que tu as produits qui s’appelle Mabon. C’était amusant de voir à quel point il y a des ressemblances avec Coroner. Tu influences beaucoup les jeunes groupes qui viennent dans ton studio ?

Ah bon ? Non, je ne pense pas. Pour Mabon, c’est surtout que j’ai donné des cours au guitariste pendant trois ans et je pense qu’il m’a piqué beaucoup de mes plans (rires).

- Ça ne te fait pas bizarre de produire un jeune groupe qui sonne comme Coroner ?

Je n’ai pas noté tant de ressemblances que ça, en tout cas ce n’était pas le but. J’ai écouté ce qu’il y avait de bien dans ce groupe pour en faire sortir le meilleur, mais en tout cas pas pour y mettre mes goûts.

- Maintenant, tu as ressorti ta guitare pour jouer avec 69 Chambers. Qu’est-ce qui a motivé cette décision ? (Nina, la chanteuse de 69 Chambers était juste derrière Tommy à ce moment-là.)

Nina : Attention, ne te trompe pas dans ta réponse (rires) !
Tommy : (Rires) Heu… parce que j’aime leur musique (grand sourire en direction de Nina).

- Non, allez, je te taquine, je voulais surtout savoir si ça te manquait de jouer en live ?

Oui ça me manquait énormément, c’est vraiment bon de rejouer en live (grand silence). Bon, allez, Nina est ma copine, et c’est une excellente manière de passer du temps avec elle. En fait, j’ai commencé comme roadie de 69 (rires). Je devais accorder leurs guitares, ce genre de choses, puis petit à petit je suis devenu meilleur. Ils m’ont donné une chance de montrer ce que je pouvais faire, ça leur a plu et ils m’ont intégré au groupe (rires).

- Tu n’as pas l’impression de leur voler un peu la vedette ?

Non, pourquoi ?

- Il y a quand même des gens qui viennent avec des T-shirts de Coroner, beaucoup viennent avant tout pour toi, non ?

Non, je ne pense pas (long silence). Je devrais peut-être faire quelques solos, certains me le demandent, mais autrement je pense que c’est avant tout 69 que les gens viennent voir.

- Vous n’avez jamais pensé faire une cover de Coroner ?

On en a parlé la nuit dernière, mais il faudrait que ça sonne très différemment de ce qu’on faisait à l’époque.

- On va quand même finir sur Coroner. Vous êtes sans doute l’un des derniers gros groupes de l’époque à ne vous être jamais reformé. Je sais que certains festivals vous l’ont proposé… Qu’est-ce que vous attendez ?

Plus on attend, plus les prix montent (rires). (NdR : Décidément, j’aurai tout essayé, mais on n’en saura pas plus…)

www.newsound.ch

Indy

Interview réalisée le 30 janvier 2010 à Yverdon

mis en ligne le : 29.07.10 par graber

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