INTERVIEW - Kruger (2010)

Prononcez le mot ‘Suisse’, le touriste moyen se représentera volontiers un paysage de carte postale où paissent des troupeaux de vaches placides. L’image que dégage la musique des Lausannois de Kruger se rapprocherait plutôt de celle d’un taureau bien couillu en pleine charge, sur une aire d’autoroute. Alors que la sortie de leur quatrième livraison, ‘For Death Glory And The End Of The World’, est imminente, Renaud (chant), Blaise (basse) et Raph (batterie) taillent le bout de gras, avec tout le sérieux qui caractérise le groupe.





- Commençons cette interview par une question sérieuse que vous attendez avec impatience : d’où vient le nom du groupe ?

Renaud : C’est affreux (rires) ! On a lancé ce concours à la con sur le net parce qu’on en avait marre d’entendre cette question (NdR : Kruger a demandé à ses fans de l’aider à y trouver de nouvelles réponses) et depuis, tout le monde nous la pose, en se marrant, mais nous la pose quand même… Ne t’en fais pas, on va bientôt publier les meilleures réponses sur notre site !

- On peut en avoir un avant-goût ?

Blaise : On nous a suggéré des trucs du style : ‘Parce que Johnny Hallyday était déjà pris’…
Renaud : Il y a beaucoup de réponses pas très drôles et assez peu de choses marrantes, en fin de compte… La meilleure, c’est celle d’un mec qui nous a conseillé de dire qu’on ne s’appelle pas Kruger et de passer à la question suivante !

- On parle de questions impersonnelles et faciles… À l’inverse, quelle est la question la plus intelligente qu’on vous ait posée ?

Ça pourrait bien être celle-là (rires) ! La plupart du temps, les journalistes nous posent des questions trop intelligentes pour nous parce qu’ils pensent qu’on est un groupe conceptuel. Mais nos réponses ne sont pas à la hauteur.

- ‘For Death Glory And The End Of The World’ semble moins bourrin, plus subtil, que vos albums précédents. Avez-vous modifié votre approche de l’écriture ?

Je crois surtout que c’est la production du petit nouveau qui rend plus honneur aux morceaux… La façon d’‘écrire’ n’a pas radicalement changé ; le canevas des morceaux reste sensiblement le même qu’avant. Mais nous avons passé des siècles à fignoler les arrangements, la préproduction. On a pris le temps de se poser pour faire cet album, ça a peut-être affecté un peu un souci du détail qu’on a moins eu par le passé. Ensuite le mix de Ballou a mieux mis ce travail en exergue avec une production très claire et très intelligible…

- Ça n’est donc pas parce que vous devenez vieux que votre musique devient plus mélodique ?

On devient vieux, c’est sûr. Mais, encore une fois, je n’ai pas l’impression que ce nouvel album soit plus mélodique. Le son est simplement plus clair.
Blaise : C’est Kurt Ballou qui devient vieux !

- L’humour semble faire partie intégrante de votre musique. Pourtant lorsqu’on écoute des groupes comme Cult Of Luna, Isis ou Neurosis, on n’a pas forcément envie de se marrer… La scène hardcore se prend-elle trop au sérieux à votre goût ?

Renaud : D’une manière générale, la scène rock se prend très au sérieux ? Trop ? Je ne sais pas. Pour avoir côtoyé les mecs d’Isis, je peux te dire que ces gars ne débordent pas forcément de joie. Mais ils ont leur propre sens de l’humour, aussi spécial soit-il.
Raph : Nous, on a un humour tarte à la crème. Eux, ce serait plutôt tarte aux oignons…

- Vous avez participé à la dixième et dernière édition du Lôzanne’s Burning avec Martin Eric Ain, ancien bassiste de Celtic Frost. Pourquoi lui en particulier ?

On a essayé de dégotter le mec qui chantait le plus mal et il s’est avéré que c’était Martin (rires).
Renaud : On a joué à quelques reprises avec Celtic Frost, et, au fil des rencontres, Martin est devenu un pote. Vu que le concept du Burning est de jouer avec un invité, on a pensé qu’il serait parfait : il vient d’un groupe culte mais pas forcément hyperconnu.
Raph : C’est surtout quelqu’un de très accessible. Le fan de vieux metal que je suis avait plein de questions à lui poser sur Celtic Frost. J’ai pu m’en donner à cœur joie !

- Lors de cette soirée, vous avez interprété des titres de Nirvana, Sepultura et Neurosis. Que représentent ces trois groupes pour vous ?

Nirvana c’est mes quinze ans, Sepultura mes dix-sept ans…
Renaud : Nirvana a bien sûr marqué notre adolescence et Sepultura est arrivé juste après, donc les deux font fatalement partie de notre background musical. Quant à Neurosis, c’est un peu plus important au niveau de ce qu’on fait comme musique ensemble, c’est un peu les parrains de cette scène. On nous compare toujours à eux, c’est plutôt flatteur, alors qu’au fond, notre musique ne sonne pas du tout comme du Neurosis !
Blaise : Pour ce concert, on n’a répété qu’un jour avant de monter sur scène. On a donc choisi des titres assez évidents et directs.

- Justement, si sympa soit-il, le concept du Lôzanne’s Burning ne constitue pas forcément une bonne carte de visite pour un groupe : un set bref, des reprises pas très représentatives, un public pas forcément acquis à votre cause… Quel est l’intérêt ?

Sans vouloir passer pour un groupe qui a beaucoup roulé sa bosse, on a un peu dépassé le stade où un concert représente une ‘carte de visite’. C’est surtout l’occasion de s’amuser, de boire des bières, de croiser du monde… Et puis, Neurosis est sans doute le groupe qui rassemble tout le monde dans Kruger. Pouvoir jouer un de leurs titres sur scène, c’est la classe !

- Vous avez pas mal tourné en Angleterre et en France. La perception du public est-elle différente dans ces pays ?

Renaud : Je ne sais pas. C’est dur à dire. En Angleterre, on n’a pas forcément le statut qu’on a en Suisse ou en France. Du coup, l’accueil est un peu différent.
Blaise : Jouer en Angleterre te force un peu à relativiser. Ici, on a notre petit confort, on est bien accueillis dans les salles. Là-bas, tu te retrouves avec le strict minimum. Ça a un côté plus punk.
Raph : On a une anecdote qui résume assez bien cela. Sur la deuxième tournée anglaise du dernier album, on s’est retrouvés à jouer devant cinq ou six personnes…
Renaud : À Londres, une ville de dix millions d’habitants !
Raph : On a rencontré ces deux filles sympas qui bossaient pour un webzine. Après nous avoir interviewés, elles sont venues nous voir en concert pour rédiger une critique. À notre retour en Suisse on a découvert leur article qui disait : ‘Kruger joue devant cinq personnes, comme s’il se produisait devant un stade comble’…
Renaud : Tu te retrouves loin de chez toi, et tu réalises que tout ce que tu as à faire, c’est jouer en livrant tout ce que tu as…

- Qu’attendez-vous de ce nouvel album ?

La même chose que jusqu’à présent : qu’il intéresse d’autres personnes que nous, que ça nous permette de faire quelques milliers de kilomètres pour le jouer si possible assez loin de la maison, qu’il nous donne l’occasion de rencontrer des gens chouettes… rien de bien ambitieux, à part continuer notre parcours et continuer de faire les adolescents attardés sur la route quelques semaines par année… !
Blaise : Ce qu’on en attend, c’est la gloire, la mort…
Raph : Et la fin du monde !

www.kruger.ch

Dave

Ennuis techniques survenus le 2 février 2010 à Lausanne et réparés par e-mail le 5 février 2010

mis en ligne le : 24.06.10 par graber

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