INTERVIEW - Ghetto Blaster (2009)

Issu de la nébuleuse punk genevoise, Ghetto Blaster sort son premier album ‘The Decomplexed Discipline Of Shalom Boukak !’ sur le label Urgence Disk. Entre vieille école punk et electro-wave, le groupe porte haut le flambeau de l’humour contestataire. Rencontre avec trois mecs et une nana un peu hirsutes qui nous content des histoires de sexe en plein air sur fond de synthé.





- Quand j'entends le nom Ghetto Blaster, je pense à un groupe de hip hop issu des banlieues françaises. C'est ce que vous êtes ?

Tous : (Silence consterné)
Sam : Oui, effectivement. Si tu fais référence au nom du groupe, en fait à la base j'enregistrais des pistes electro sur une cassette que je diffusais ensuite avec un vieux ghetto blaster des familles qu'une pote avait trouvé au marché aux puces. J'allais ensuite faire la manche devant la Coop en chantant sur ces pistes enregistrées. D'où le nom Ghetto Blaster.
Robin : Et bon, ‘Genève c'est Ghetto’, quoi… (rire gras)
Tous : Et le mot ‘ghetto’ désigne aussi notre univers, le milieu alternatif, dans lequel nous évoluons depuis gamins.

- ‘The Decomplexed Discipline Of Shalom Boukak !’ est le premier album du groupe, sorti cette année sur Urgence Disk. Quel est votre parcours et de qui est composé Ghetto Blaster ?

Sam : J'ai commencé tout seul en 2002, quand j'allais jouer mes morceaux devant la Coop. D'ailleurs, une fois j'ai croisé une manif de pro-Palestiniens et certains mecs se sont arrêtés pour écouter, ils kiffaient bien. Quand ils ont vu mon étoile de David avec le mot ‘Jude’ tatouée sur l'épaule, ils n’ont plus trouvé cool. En 2005, dans le cadre d'un travail que je devais faire pour les Beaux-Arts de Genève, j'ai recruté Robin et sa voix pour qu'on fasse un clip et une compo. L'idée était de faire un truc autour d'un monument que j'avais réalisé en hommage aux millions de membres du peuple poulet sacrifiés dans la campagne de lutte contre la grippe aviaire. ‘Le Poulet Est En Action’ est né comme ça. Plus tard, on a fait un concert dans les chiottes des Beaux-Arts. Ensuite, Daniel s'est greffé avec sa guitare. On a finalement choisi de prendre Julie comme chanteuse parce qu'elle faisait du théâtre. On a commencé à jouer tous ensemble fin 2008.
Robin : (Julie, moi, je l'aurais pas choisie, hein.) Ce groupe, c'est surtout le projet de Sam, c'est lui qui fait la majorité du boulot.
Sam : (Je suis le chef anarchiste.)

- Vos têtes ne sont pas inconnues à Genève, on vous a déjà vus dans plusieurs groupes….

Tous : Daniel, Robin et Sam jouent dans le groupe punk genevois Faute De Frappe. Sam joue également dans Sozial Traître, un groupe de punk rock plutôt orienté hardcore avec des textes chantés en allemand et en anglais. Sinon, Julie est comédienne professionnelle.

- Ce premier album oscille entre punk et electro. Ghetto Blaster, c'est quoi pour vous ?

Robin : Ben de l'electropunk.
Julie : Je dirais plutôt le contraire, du punkelectro.
Sam : On fait du punk avec boîte à rythmes dans la lignée des groupes français des années quatre-vingt à la Metal Urbain ou les Bérurier Noir.
Robin : Avec des pui pui pui en plus.
Sam : L'electro, on ne connaît pas bien en fait, en dehors de BAK XIII et des groupes de la scène locale. Notre son et nos textes sont plus proches de la scène punk bien qu'on intègre des éléments électroniques.
Julie : C'est plus notre culture, aussi.
Daniel : Le punk et l'electro sont des styles assez animaux je trouve, mélanger les deux donne un résultat intéressant.
Sam, Robin, Julie : Les passages electro désamorcent un peu la violence des textes, ça amène de l'ironie.

- On passe de thèmes aussi divers et variés que la fonte des glaciers, le sexe en plein air et le suicide. Que représentent les paroles dans Ghetto Blaster ?

Sam : La plupart du temps c'est moi qui les écris. Ça part d'un délire ou d'un coup de colère, une manière de penser en ressort. J'aborde des sujets divers, toujours sur le ton de l'autodérision ou de la provoc.
Robin : Souvent on se laisse un peu emporter par nos paroles, on finit par parler d'autre chose à la fin d'un titre. On accorde surtout beaucoup d'importance aux rimes.
Julie : Mais non, je ne suis pas d’accord... Il y a une volonté, un sens dans ce qu'on dit... On n'est pas des poètes non plus !
Daniel : Les textes parlent de passion, de ce qu'on vit...
Julie (à Robin) : Ça peut parler de ta vie, dans laquelle je me retrouve aussi...
Sam : Dans ‘Sex Pique-Nique’ par exemple, c'est parti d'une meuf qui me parlait toujours de bouffe quand on était au pieu. Pour ‘Pédophile’, on lisait une fois les journaux et on s'est dit qu'il y avait tout le temps des histoires de pédophilie. L’un d'entre nous a sorti 'pédophile comme j'aime quand tu m'enfiles' et on s'est dit que ça ferait une chanson.
Robin : La prochaine, ça sera sur la grand-mère de Julie qui s'est fait dépouiller par Jean-Rachid.

- L'univers de Ghetto Blaster est peuplé de dèche, de squats, de séjours à l'hôpital... Un univers mouvementé, sombre et revendicateur. Le vôtre ?

Tous : C'est ce qu'on vit depuis des années !
Tous (à Daniel) : Bon toi, tu vis dans un appart au Lignon...
Daniel : Ben ouais, t'imagines pas comme mes voisins me font chier !
Sam : C'est important qu'il y ait du vécu. Quand tu prends la parole, il faut avoir quelque chose à dire, sinon tu te retrouves à faire de la variété et des morceaux avec trois phrases niaises qui se répètent.

- Est-ce que Ghetto Blaster est un groupe engagé ?

Même si on intègre du second degré, on reste fondamentalement anarchistes.

- Qu'est-ce que ça donne en live ?

Tous : Pour l’instant on en est au début, on n’a que quatre concerts derrière nous… Notre show doit encore être développé.
Sam : L’idée est de faire un truc qui soit festif. À l’avenir, on aimerait créer quelque chose pour les passages où il n’y a que de l’electro.
Robin : L’important est qu’il se passe quelque chose d’improbable à chaque fois.
Sam : Oui, on laisse beaucoup de place à l’improvisation.
Julie : C’est ça que j’aime dans ce groupe, le côté hyperaléatoire du live.

- Quels sont vos projets ? Des concerts, albums ou collaborations en perspective ?

Tous : On va bientôt sortir un split 45 tours avec BAK XIII. Mi-avril, on va jouer à l’Espace Noir de Saint-Imier, dans un festival où se produiront les groupes qui figurent sur la compile ‘Le Renard’, elle-même en lien avec la BD punk du même nom.
Sam : On ne court pas trop après les concerts, en fait. On préfère faire peu de dates mais prendre du plaisir à chacune, que se retrouver à devoir jouer souvent devant trois cailloux et deux clochards qui s’en foutent.
Robin : Moi, je suis plutôt pour faire tous les concerts qu’on nous propose. C’est ce qui s’est d’ailleurs passé jusqu’à maintenant.

- Et pour finir, pourquoi est-ce qu’un lecteur de Transit devrait impérativement s'intéresser à Ghetto Blaster ?

Tous : Parce que tout ce qu'on a dit est faux, en fait on fait du heavy metal et on est de droite.
Robin : J’ai des boucles blondes, d’ailleurs on m’appelle Boucle-d’Or.
Tous : Julie chante en porte-jarretelles en live.
Julie : Avec des moon boots.

www.myspace.com/ghettoxblaster

Géraldine

Interview réalisée le 29 décembre 2009 à Genève

mis en ligne le : 22.06.10 par graber

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