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Li Nan vient me chercher à un arrêt de bus du centre de Pékin. Puis, Nicola Mazzei, le bassiste nous rejoint et nous montons tous au dernier étage d’un immeuble du coin. Après l’interview, juste avant d’aller manger dans un restaurant, Li Nan me dit qu’il doit donner à manger à ses animaux. Et là, je découvre qu’il a deux boas, deux cobras royaux, ainsi que d’autres serpents et reptiles venimeux ou pas, dont deux tout jeunes charmants petits crocodiles de trente centimètres, sans oublier des souris et des petits poissons pour nourrir tous ces pensionnaires. Voilà ce qu’il s’est dit un peu avant.
- Pour commencer, peux-tu faire une présentation du groupe ?
Li Nan : On a commencé en 1997. On était quatre au début. Et ce qui est amusant c’est qu’on ne savait pas vraiment jouer de la musique. On a appris comme ça au fil du temps. C’est en 1999 que l’on a fait notre premier concert. Le line-up actuel est Zhao Feng à la guitare, Qin Shaojian à la batterie, Narenmanda au matouqin (violon mongol), Nicola Mazzei à la basse et moi au chant.
- Qui compose la musique et écrit les textes ?
C’est moi.
- En 2008, vous avez remporté le Metal Battle en Chine, ce qui vous a permis d’aller au Wacken, comment cela s’est-il passé ?
C’était vraiment une bonne expérience. Il y avait du monde et une bonne ambiance. Il me semble que le public a bien apprécié notre prestation.
- Quand on voit un de vos concerts, il se dégage toujours une atmosphère particulière, peut-être est-ce dû au chant diphonique (technique de chant permettant de produire deux sons simultanément) et au violon mongol ?
Oui, quand j’étais petit, je suis souvent allé en Mongolie avec mon père. Là-bas, j’ai appris leur technique de chant. Je trouvais intéressant de l’incorporer à ma musique. Pour le violon mongol, il nous a rejoints il y a cinq ans. En fait, à cette période, j’ai commencé à faire des expérimentations et je trouvais que le son de cet instrument irait bien avec ce que j’avais envie de faire.
- D’où te vient l’inspiration ?
Une part vient de ces voyages en Mongolie, et aussi du fait que j’aime bien cette musique. Ensuite, j’apprécie beaucoup les traditions des minorités ethniques présentes en Chine et dans certains pays limitrophes. Quant à l’autre part de mon inspiration, je ne saurais pas te dire d’où elle vient. Donc, c’est normal que l’on retrouve ceci jusque dans le fait qu’on ait des habits traditionnels sur scène. Tu sais, pour toi comme pour la plupart des Chinois, tout cela s’apparente à la culture mongole. Ce n’est pas vraiment le cas, si par exemple tu fais écouter le chant à un Mongol, il te dira que cela n’a rien de mongol. Le son est peut-être le même, mais c’est tout. On utilise donc cet instrument et cette technique de chant un peu à notre façon.
- L’année passée, vous avez enregistré un album, comment cela s’est-il passé ?
On est allé en studio. Les techniciens ont passé huit heures à monter et à régler le matériel pour qu’on puisse enregistrer tous ensemble. Et cela a pris environ deux heures.
- Deux heures !?!
Oui ! À part un titre, on les a tous faits en une prise. Une semaine plus tard, je suis retourné en studio pour ajouter des guitares et du chant. Cela a pris un peu plus de trois heures.
- Pourquoi ces ajouts ultérieurs ?
Parce qu’il n’y avait qu’une seule guitare, que je voulais plus de son, et qu’il soit un peu différent.
- Qu'est-ce qui t’a poussé à vouloir faire un enregistrement d’ensemble ?
Tu sais, notre musique est un peu différente. Chaque morceau a une structure donnée, mais chaque fois qu’on le joue ce n’est pas pareil. Il y a une part d’improvisation, cela dépend de l’atmosphère, de l’endroit et de notre état d’esprit sur le moment.
- Que penses-tu du résultat ?
Il est bon. Je pensais qu’on aurait besoin de beaucoup plus de temps, qu’on devrait faire jusqu’à une dizaine de prises par morceau.
- Vous revenez de quelques concerts dans le sud de la Chine, il me semble ?
Nicola Mazzei : Oui, on est allé à Wuhan, Shenzhen, Canton et Hong Kong.
- J’ai un ami d’un autre groupe pékinois qui me parlait de la difficulté de se produire loin à cause de son travail. Vous n’avez pas de problème de ce côté-là ?
Li Nan : Non, on n’a pas de travail, mais on a des problèmes d’argent (rires) ! En fait, avant j’avais un travail, c’était même une bonne place. Et puis, j’ai décidé il y a quelque temps de me consacrer uniquement à mon groupe. Comme certains musiciens dans le metal, j’ai une copine qui a un travail. Si tu veux te consacrer à ta musique, il n’y a pas vraiment d’autre solution. Mais abandonner son travail, en plus un bon, ce n’est pas très bien vu ici, même par mes parents qui sont plutôt des gens ouverts.
- Est-ce que c’est dur de trouver des dates de concert et se faire connaître en dehors de Pékin ?
Non, pas tant que ça, les clubs ont besoin que des groupes viennent y jouer. En fait, si tu es connu à Pékin tu seras connu ailleurs. Donc, ce sont plutôt les groupes d’autres provinces qui viennent faire des concerts ici afin de se faire connaître.
- Quels sont vos projets futurs ?
En fait, on a besoin d’un bon manager. Jusqu'à maintenant, aucun n’était réellement professionnel. Sinon, en novembre, on va normalement faire un DVD. Et bien sûr, l’objectif reste de faire un maximum de concerts, d’en faire à l’étranger, comme à Taïwan, en Corée et au Japon. Ce serait bien de retourner en Europe et d’aller aussi en Amérique. Notre musique est assez spéciale, elle ne touche pas forcément beaucoup de monde et on est allé un peu partout où on pouvait se produire en Chine.
Nicola Mazzei: Mais les moyens de faire de la promotion sont restreints, il arrive périodiquement qu’on n’ait plus accès à des sites comme MySpace, YouTube ou Facebook. Tu vois, quand on était au Wacken, vraiment personne ne nous connaissait.
Il y aura quelques copies de l’album disponibles fin mars à la Citadelle, à Genève
www.myspace.com/01voodookungfu
Barberousse
Interview réalisée le 10 juillet 2009 à Pékin
mis en ligne le : 22.06.10 par graber
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