INTERVIEW - Dossier Impetus Fest (2010)

Metallica ? Rammstein ? Placebo ? Ne cherchez pas, vous ne les verrez pas à l’Impetus Festival. Et, quelque part, c’est tant mieux ! Ce nouveau raout lausannois n’est pas une fête à la saucisse de plus : c’est un événement pour mélomanes avertis. La preuve ? Une affiche centrée exclusivement sur des formations aussi inspirées que variées. Pas de tête d’affiche donc mais une kyrielle d’artistes de génie qu’on conseillera à toute personne capable d’un minimum d’ouverture d’esprit. Avec tout ceci, il nous a semblé intéressant d’aller poser quelques questions à Renaud, l’un des organisateurs, afin qu’il nous aide à tout vous révéler sur cet événement qu’est l’Impetus.



- Tout d'abord, d'où est née cette idée de festival de cultures et de musiques divergentes ?

Eline et moi-même (qui étions la première équipe de programmation du Romandie entre 2005 et 2008) étions un peu désoeuvrés, et on avait envie de créer quelque chose à Lausanne qui ait un lointain rapport avec Roadburn, soit un festival indoor, avec une programmation assez ciblée, et plusieurs lieux qu'on puisse parcourir en une même soirée. Nos bons contacts avec les gens du Bourg, du Bleu Lézard, du D! et bien sûr du Romandie nous ont permis de finaliser le projet assez vite !

- Vous faites ce festival en partenariat avec l'aire urbaine de Montbéliard-Belfort-Héricourt-Delle. J'avoue avoir un peu de mal à comprendre l'intérêt d'une telle collaboration qui est assez inédite. Que vous a apporté ce partenariat ?

Au départ on avait proposé à Kem (programmateur des Eurockéennes et ami de longue date) de programmer un des soirs du festival, et il se trouve qu'il était précisément en train de réfléchir à un projet similaire avec des gens de Belfort et de Montbéliard ! Du coup, au lieu de lancer un nouveau festival, on en a lancé deux ! Les avantages sont assez évidents : réseautage accru pour réussir à avoir certains groupes, partage de frais et de compétences, échanges entre des projets locaux (Sludge vs Oktopus jouent chez eux, Generic de Montbéliard chez nous), meilleure visibilité auprès des partenaires et sponsors, et bien sûr des intérêts humains vu notre philosophie musicale assez similaire !

- Quelle est la principale difficulté de faire un festival sur trois jours en quatre lieux différents ?

Les avantages des lieux sont en fait aussi leurs inconvénients, ils sont tous (à l'exception du D!) de petite taille, ce qui permet cette programmation découverte mais qui nous oblige également à nous tenir à des groupes pas trop chers. Ensuite, il faut réussir à diversifier la programmation tout en la gardant cohérente, afin de créer une vision d'ensemble attrayante pour le public, mais sans surcharger les mêmes styles.

- Comment se passe la sélection des groupes, quels ont été vos critères ?
La priorité était de faire venir des groupes noise / doom / black ou death metal, car on en a peu souvent à Lausanne. Du coup, Kylesa, Eyehategod ou Nachtmystium ont été des premiers choix ! Ensuite, on a diversifié l'affiche en essayant d'élargir à des styles un peu différents (electro expérimentale, rock garage, par exemple) qui puissent s'intégrer dans le projet sans diluer cet état d'esprit ‘underground’.

- Vous avez choisi exprès une programmation très underground sans noms ronronnant en tête d'affiche, même si je ne peux que vous féliciter de la chose, c'est un choix osé non ?

Oui et non, le concept même de l'événement et la taille des salles ne nous permettaient pas de miser sur des gros noms, même si on avait la possibilité de caser une ou deux têtes d'affiche au D!, elles ne se sont pas présentées et l'avantage d'Impetus est qu'on n’est pas obligés de remplir à tout prix si on ne trouve pas la tête d'affiche de rêve. On a eu la chance d'avoir un bon feed-back de la part des subventionneurs et des sponsors, et le Romandie nous soutient aussi logistiquement et financièrement, du coup, les risques sont calculés, on n’est pas obligés
de remplir chaque salle chaque soir pour s'en sortir. Et miser sur l'identité ‘underground’ du festival est délibéré, c'est comme ça qu'on pourra, peut-être, l'installer dans le long terme.

- En parcourant la programmation, j'ai été surpris de voir qu'un film s'est glissé sur l'affiche. ‘Fuck You’, un film sur la scène expérimentale chinoise… Vous avez vraiment décidé de surprendre et d'éveiller la curiosité avec ce choix ou y a-t-il un adepte de ce style dans le comité d'organisation ?

Lorsqu'on a booké Z. Karkowski (un pape de la musique bruitiste, à côté de Merzbow), Impetus France (où il joue aussi) nous ont dit qu'ils projetaient un docu inédit sur Karkowksi en Chine, ça nous a paru une plus-value pour les adeptes de cette musique assez extrême, même s'ils sont peu nombreux.

- Je sais que tu vas me dire qu'il faut assister à tout, mais quels sont tes coups de cœur de la programmation, qu'est-ce que les gens ne doivent pas rater ?

Kylesa, Sludge vs Oktopus, Eyehategod, Kong, et Dead Brothers, pour ma part. J'espère que j'aurai trente minutes pour aller voir un bout de chaque ! Et My Own Private Alaska au Bourg en clôture de festival le dimanche 18 à l'heure du goûter, j'adore cette idée !

- En Suisse romande (mais je crois que c'est général et pas seulement en Suisse), il est assez difficile de réussir à réunir des amateurs de rock dans le sens large dans une même salle pour faire découvrir de nouveaux talents. Ici vous proposez d'inonder Lausanne avec des concerts jusque dans trois salles différentes en même temps si j'ai bien vu, ce n'est pas un risque ?

On peut effectivement tomber de haut. C'est une première édition, donc on marche un peu sur des oeufs. On a essayé de faire une programmation qui attire simultanément des publics différents, mais qui peuvent avoir des intérêts à découvrir des styles voisins, en proposant notamment des pass pas chers pour chaque soir. Et les lieux ne sont pas immenses, donc même si on les remplit à moitié, le pari est presque gagné.

- Pour parler de l'événement en soi, comment ça va se passer au niveau de la billetterie ? Les gens achètent un pass par soir pour toutes les salles et ils devront les échanger au bar Bu sous les arches du Grand-Pont avant d'aller au concert, c'est correct ?

Oui, on peut acheter un billet pour une seule salle, ou prendre un pass (entre CHF 35.- et 38.-) qui donne accès à toutes les salles de la soirée. Mais tous les billets sont à échanger à la billetterie du bar Bu, qui sera sous une des arches du Grand-Pont côté place de l'Europe, ça nous permet de centraliser la caisse, et accessoirement d'avoir un peu de visibilité dehors. Il y aura un bar, des DJs, des animations visuelles, etc.

- Parle-nous un peu du pass ‘Rupin’ qui m'intrigue beaucoup, à quoi va-t-il servir ?

Le pass ‘Rupin’ est le pass pour tout le festival (pour les quatre jours), et il est en fait plus cher que les trois pass journaliers réunis ! On s'est dit que très, très peu de gens auraient envie de se faire la totale, et que ceux-là seraient ok de craquer un peu plus de thunes pour ne pas s'emmerder à la billetterie chaque soir, et accessoirement soutenir un peu le festival ! Idiot, hein ?

www.impetusfestival.com

Dave & Indy

Interview réalisée par e-mail en février 2010

mis en ligne le : 21.06.10 par graber

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