| |||||||
Accueil | Agenda | Concerts | CD | Articles | Le Mag | Forum | Photos |
|
Les univers de deux groupes à la vision hors-norme s’entrechoquent, façonnant un monde sans égal. Du mariage des géniaux Gris et Sombres Forêts, naît Miserere Luminis, dans un chaos sombre et douloureux de metal extrême et de postrock. Avec leur première œuvre éponyme, les Québécois signent l’une des meilleures surprises de la sphère black metal, cuvée 2009. Visite guidée en compagnie d’Annatar.
- Plus qu’un projet studio, Miserere Luminis a été conçu comme un spectacle à part entière. Pour ceux qui, de ce côté de l’Atlantique, n’auront pas l’occasion de vous voir sur scène : à quoi ressemble un live de Miserere Luminis ?
Cinq musiciens masqués, en tenues de clochards. Nous voulions évidemment donner aux spectacles de Miserere Luminis une touche visuelle unique. Voir un concert, c’est bien plus qu’écouter un album : on doit lier en quelque sorte la musique à l’image. Pour les concerts de Sombres Forêts, nous portions aussi des masques. Nous avons décidé de pousser cette idée encore plus loin en arborant des habits de gueux et des instruments délabrés, usés, mais des masques en or. Nous trouvions ce contraste intéressant. Pour l'instant, nous n'avons donné que quelques concerts à travers le Québec pour le lancement de l'album, où nous l'avons joué dans son intégralité. Mais d'autres viendront.
- Dans la mesure, où comme vous l’avez déclaré sur le web, Miserere Luminis prend tout son sens en concert, pourquoi ne pas avoir opté pour un enregistrement live, voire un DVD, au lieu du format très convenu de l’album studio ?
En effet, l’idée d’un album live aurait été bonne. Pour être honnête, avoir un enregistrement studio a toujours été un aspect important pour ce projet ; autant que le côté spectacle. Le son général a en partie été créé en enregistrant. Dans un certain sens, cela a été une étape de création. Pour ce qui est d'un DVD, l’idée n’est pas close.
- Sombres Forêts et Gris n’en sont pas à leur première collaboration puisque Neptune, de Gris, a déjà écrit des textes et réalisé des photos pour ton groupe. Qu’est-ce qui vous a poussés à aller plus loin dans ce travail ?
L'idée est venue il y a quelque temps mais on ne pensait alors qu’à un split conventionnel : une partie Sombres Forêts, une partie Gris (alors baptisé Niflheim). Quand est venue la réalisation de celui-ci, l'idée s'est transformée, par souci d'originalité mais surtout d'intérêt. Faire un split banal ne nous plaisait tout simplement pas et nous semblait inutile. Élaborer un album conjointement était le nouveau projet dans lequel nous voulions aller puiser les teintes différentes de nos groupes. Pour ce qui est de l’apport de Neptune dans Sombres Forêts, ça a plutôt été une aide qu’une collaboration prévue. J’étais pris par les délais et il m’a aidé à terminer l'album.
- Gris et Sombres Forêts ont tous deux une identité forte avec une approche très personnelle du black metal. A-t-il été simple de combiner vos visions respectives sur un même album ?
Icare, Neptune et moi jouions de la musique ensemble avant même la création de Sombres Forêts et Gris. Nos groupes ont existé conjointement depuis leur création. Il a été facile de collaborer ensemble puisqu’à la base les fondements de Miserere Luminis ont été construits ensemble. Aucun compromis n’a été fait sur l'album. Si nous ne nous entendions pas, nous trouvions quelque chose de mieux, tout simplement. Miserere Luminis est d’une essence différente de ce que nous créons habituellement, mais qui nous touche malgré tout... Des couleurs qui se retrouvent en nous, mais qui n'avaient que peu été exploitées.
- Comment s’est déroulée l’écriture des titres ? L’apport de Sombres Forêts et celui de Gris sont-ils équivalents ?
Cela a été un processus très différent de celui que nous connaissons avec nos groupes, une tout autre dynamique. Surtout dans la manière de faire les choses. Les chansons ont été composées en répétition, ce qui était nouveau pour nous. De plus, chaque pièce a été enregistrée en quelques versions, en les travaillant à chaque fois. La plupart des arrangements ont été faits ainsi. Sinon l’apport de Gris et Sombres Forêts sont pratiquement égaux. Nous voulions faire un album qui allait suivre cette balance, et d’une pièce à l’autre exploiter les styles de chacun.
- En quoi l’approche de la composition diffère-t-elle dans Miserere Luminis, par rapport à vos groupes respectifs ?
L'aspect de ‘groupe’ et de spontanéité. Pour Sombres Forêts, tout se déroule dans ma tête, ce qui rend la tâche beaucoup plus introspective, plus solitaire. Dans Miserere Luminis, nous sommes partis d’idées lancées par chacun. De plus, à travers nos groupes, la musique est composée autour du squelette que constituent les textes... Cette fois, en revanche, la musique servait de base et nous y collions des paroles composées indépendamment. Il y a un aspect plus expérimental, plus ‘progressif’, par rapport à ce que nous avons fait avant.
- Le vide, les visions apocalyptiques, la destruction sont au centre des textes de Miserere Luminis. Vous y puisez malgré tout la beauté… Peux-tu en dire davantage sur cette dualité ?
Elle est au cœur de l’œuvre de Miserere Luminis. Elle est essentielle car c’est la nuit que nous voyons les étoiles ; le jour, la lumière nous aveugle. Miserere Luminis, autant que nos groupes respectifs, est teinté de ces contrastes... Nous ne créons pas la noirceur pour la noirceur. Notre musique tend indéniablement vers la lumière, malgré le vaisseau obscur.
- De nombreux passages de l’album sonnent très postrock. On y trouve des touches évoquant Godspeed You Black Emperor ou Explosions In The Sky. Est-ce effectivement une musique qui vous parle ?
Oui, mais pas parce qu’on classe ces combos dans le postrock ou quelque autre genre. Godspeed You Black Emperor est un groupe d’une tristesse très pesante, très mélancolique. Nous les rejoignons probablement à ce niveau.
- Une nouvelle génération de projets black metal – Caïna, Alcest, Fen, Agalloch… – teinte cette musique de postrock. Quel lien vois-tu entre ces deux genres ?
Une certaine froideur et aussi une certaine recherche d’un ‘au-delà’. Le postrock est une musique plus ‘moderne’, plus métallique et plus stérile. Elle ajoute un autre caractère au black metal, une touche plus expérimentale à l'ensemble…
- Pour beaucoup d’Européens, la scène black metal québécoise reste très lointaine. Il semble pourtant qu’elle soit en pleine explosion…
Beaucoup de groupes de black metal émergent depuis quelques années au Québec et je dirais que la scène est relativement active. Peu font des concerts en revanche, et Internet reste le point de ralliement. Je dois par contre admettre que ce qu’on peut qualifier de black metal québécois a un son typique et il existe un certain soutien entre les artistes, particulièrement dans les régions loin des grandes villes. Sinon l'approche musicale ici est en général plutôt conservatrice, la majorité des groupes ne clament pas l'innovation ; ils veulent seulement faire du black sombre et efficace !
- Quel impact cette collaboration aura-t-elle sur vos formations respectives ? Changera-t-elle votre manière de travailler au sein de Gris et Sombres Forêts ?
Est-ce qu’elle aura un impact ? Je ne le sais trop... Nous avons travaillé, avec Miserere Luminis, de façon plus professionnelle qu’auparavant et je crois que nous nous dirigeons dans cette direction. Mais est-ce vraiment grâce à Miserere Luminis ou était-ce seulement l'étape suivante ? Il y a aussi eu pas mal d'expérimentations autour de cet album et nous allons certainement reprendre des idées.
- À ce propos, où en sont les prochains albums des deux groupes ?
Gris autant que Sombres Forêts sont en pleine création de leur troisième album ; les deux groupes vont y retrouver leur âme respective... Je ne m’avancerai pas sur l'album de Gris, mais pour ce qui est du prochain opus de Sombres Forêts, il s'annonce d’une couleur différente des deux premiers. Je le construis comme un autre chapitre. De nouveaux concerts seront probablement présentés avec la sortie du disque.
www.myspace.com/miserereluminis
Dave
Interview réalisée par e-mail en janvier 2010
mis en ligne le : 20.06.10 par graber
TRANSIT MAGAZINE
Design & Webmonstering by Pat.O
Contact: info@transitmag.ch