INTERVIEW - Lila Cruz (2010)

Un groupe pop dans les colonnes de Transit ?!? Le chevelu moyen aura tôt fait de crier au scandale. ‘Carrousel’, premier album du trio chablaisien, est pourtant armé pour séduire un large public, grâce à une musique mélancolique et envoûtante. Rencontre avec Filipa, chanteuse et tête pensante de cette jeune formation.



- Les musiciens de Lila Cruz ont tous un solide bagage musical. Peux-tu nous présenter vos parcours respectifs ?

J’ai une formation classique ; j’ai fait le conservatoire. Jean, notre bassiste, était guitariste à la base. Il a un parcours similaire à celui de Marcello Giuliani, qui a produit le dernier Sophie Hunger. Sauf que Marcello est allé un peu plus loin, alors que Jean n’a peut-être pas fait les bonnes rencontres à un moment ou un autre. Sans ça, je pense qu’il pourrait ne vivre que de la musique. Notre batteuse, Nathalie, a fait partie du même groupe que notre bassiste, Rock En Stock. Ils ont également été membres de Stegal, qui avait fait pas mal de bruit à l’époque. Ils ont tous les deux une longue expérience dans la musique.

- Le piano est au cœur de vos chansons. Est-ce que vous composez uniquement à partir de cet instrument ?

Je crois que mes collègues composent en cachette. Enfin, pas Nathalie, vu qu’elle serait incapable de faire la différence entre un do et un mi ! Mais, vu que je suis l’initiatrice du projet, c’est moi qui ai amené les compos, en leur demandant s’ils étaient d’accord de les travailler avec moi. Encore aujourd’hui, je compose au piano, j’écris les textes… Et, une fois que j’ai la trame d’un titre, je le soumets aux autres.

- Les noms de Tori Amos et Kate Bush reviennent souvent dans la description de ta musique. Ce sont des influences ?

J’ai grandi avec Tori Amos ; elle a bercé mon adolescence. Pour moi, c’est un repère dans le temps. Par contre, je ne connaissais pas vraiment Kate Bush. Mais comme tout le monde me faisait cette remarque, j’ai écouté. Effectivement, je peux comprendre la comparaison. En plus, il semblerait que Tori Amos ait été très influencée par elle, à ses débuts. Kate Bush est donc une source d’inspiration indirecte (rires).

- Deux ambiances très éloignées se dégagent des textes. Certains sont très légers, presque naïfs, et d’autres plus sombres…

Je n’ai pas beaucoup de demi-mesure. Soit je me lève le matin, la vie est belle, les oiseaux chantent… Soit rien ne va : tu t’encoubles trois fois en sortant du lit… On retrouve cette ambivalence dans mes textes. Si tu veux voir de belles choses, tu les verras. Par contre, si tu es déprimé, il n’y aura pas grand-chose de positif dans ta journée.

- Les paroles d’‘Ad Nauseam’ sont très noires. Qu’évoque cette chanson ?

J’étais assise dans le café où on se trouve maintenant. Et j’ai découvert cet article dans le journal. C’était l’histoire de parents en procès pour avoir torturé leur fille pendant plus de deux ans. La gamine avait deux ans et demi ! Ils l’avaient adoptée et tout ce que cette enfant a connu, c’est la souffrance. Ça m’a bouleversée. La première chose que j’ai faite en rentrant chez moi, c’est écrire ce texte. La musique est venue peu de temps après. Cette chanson, c’est un constat d’échec. Tu es au courant de ce qui s’est passé mais qu’est-ce que tu peux y faire ?

- En studio, tu as tenu à enregistrer piano et voix ensemble. C’était important pour toi de garder ce côté live ?

C’est un besoin qui s’est fait sentir lorsqu’on a décidé d’entrer en studio. On discutait avec les spectateurs à la sortie de nos concerts et ils appréciaient ce côté ‘j’entre dans l’instant présent et je me laisse emporter’. J’avais envie que les gens retrouvent ça dans l’album. Même s’il y a des imperfections, on n’a pas repris vingt fois le même passage. Ça représente l’énergie du moment.

- Transit étant plutôt un mag metal, tu as vingt secondes pour convaincre nos brutes de lecteurs d’écouter Lila Cruz.

(rires) Les gars, écoutez ce disque ! Tous mes potes metalleux me disent que chaque titre ressemble à une intro metal. Rien que pour ça, ça vaut la peine d’y jeter une oreille. Et s’il y a des amateurs qui veulent reprendre nos chansons, allez-y ! Je suis curieuse d’entendre le résultat.

www.lilacruz.com

Dave

Interview réalisée à Aigle, le 26 janvier 20010

mis en ligne le : 11.06.10 par graber

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