INTERVIEW - L’Esprit Du Clan (2010)

Plus sombre et agressif que son prédécesseur, le quatrième chapitre des Parisiens est un album mûr et travaillé. ‘L’Enfer C’Est Le Nôtre’ prouve une fois de plus que la scène française possède de plus en plus de valeurs sûres et que L’Esprit Du Clan sort largement du lot. Actuellement en pleine tournée à travers l’Europe, l’un des deux chanteurs de la formation, Arsene, a pris le temps de répondre à nos questions.



- L’Esprit Du Clan est de retour avec une formule plus death metalcore pourquoi cette évolution ?

Nous ne fonctionnons pas en termes de style musical. Ce qui nous importe est de créer une musique et des textes qui nous plaisent au moment où nous composons. Après, il est certain qu'on n’est pas resté bloqué sur les premiers Pantera ou Metallica et qu'on écoute ce qui se fait aujourd'hui. Je pense qu'il y avait du bon il y a vingt ans mais les groupes d'aujourd'hui sont aussi hyper intéressants. Et c'est vrai qu'on a tendance à écouter pas mal de death metal en ce moment... Au final, il y a des bonnes choses dans tous les mouvements.

- Est-ce un phénomène de mode ?

Je ne me pose pas ce genre de questions et je n'ai donc pas de réponse. C'est l'émotion qui se dégage qui m'importe. Pour le reste...

- Quel était l’effet recherché avec ce quatrième album ?

Nous voulions qu’il soit plus sombre que le précédent. Au niveau du son, nous avions la volonté de mettre le chant un peu moins en avant et de rendre le tout un peu plus 'international'. Sans renier le chant en français évidemment, nous voulions que le public qui ne parle pas notre langue puisse écouter l'album sans être refroidi par le chant. Au final, il s'avère que nous jouons beaucoup à l'étranger sur cette tournée, donc notre choix était le bon !

- Et pourquoi ce nom, ‘L’Enfer C’Est Le Nôtre’ ?

Cet album est une introspection, une remise en question. Nous avons toujours été dans la revendication, mais cette fois nous combattons nos propres erreurs, nos propres démons. Critiquer, c'est vital, mais se remettre en cause aussi. On peut aussi voir le titre en négatif et ça peut vouloir dire que si l'enfer c'est le nôtre, le paradis aussi. Nous sommes responsables de nos actes et on peut choisir de se plaindre tout le temps ou se dire qu'on n'a qu'une seule vie et qu'on doit en profiter, il faut juste choisir la façon dont on veut voir le monde. L'autre n'est pas forcément le seul ennemi.

- Tu penses que le monde est devenu un enfer ?

Je pense que ça l'a toujours été. Mais encore une fois, tout dépend de notre angle de vue... l’histoire a connu des périodes bien plus sombres, à mon avis.

- Un titre porte le nom de ‘Nouvelle Drogue’, quelle est donc cette drogue à laquelle vous faites allusion ?

C'est une drogue qui s’injecte directement dans les oreilles et le trou de balle. Personnellement, quand je découvre un album qui me plaît, je suis capable de le bouffer durant des semaines entières, jusqu'à écœurement. C'est une sorte de drogue quelque part. Je me plais à penser que nous faisons parfois cet effet là à certain(e)s.

- Vous avez toujours eu le secret des refrains ravageurs, comment faites-vous ?

C'est la même chose : j'aime l'effet que me procurent une mélodie et un refrain que je retiens. Je ne suis pas fan des trucs élitistes et des musiques mathématiques, je respecte, mais ce n'est pas mon délire. Quand je suis sur scène et que les gens chantent avec nous, je suis ravi. J’aime ce sentiment de partage. On n’est ni là pour insulter les gens ni pour leur faire une démonstration, l'idée est de suer et gueuler ensemble. Alors, rien de mieux que des refrains efficaces pour ça !

- Le chant en français fait partie de votre identité, mais t’arrive-t-il de penser que cette formule vous freine pour sortir du pays ?

Je ne pense pas, car le fait est que nous jouons autant en France qu'à l'étranger. Nous parlons un anglais scolaire, alors c'est bien pour papoter, mais de là à chanter dans cette langue pour espérer jouer un peu plus à l'étranger, ce serait se foutre de la gueule du monde. Il y a déjà assez de groupes français qui le font... On a joué dans la partie anglophone du Canada et en Angleterre, je peux t'affirmer que l’énergie est communicative malgré le chant en français. Après tout, je ne comprends pas toujours les groupes que j'écoute et ça ne m'empêche pas de kifer, ça peut même développer l'imagination... Les anglophones, les Espagnols, les Allemands nous ont même incités à persévérer car c'est pour eux un signe d'indépendance qui rafraîchit un peu.

- Vous vous êtes formés en 1992, comment avez-vous tenu si longtemps ?

C'est l'envie et le besoin de jouer, de créer, de tourner qui nous lient. Les rencontres et les voyages aussi. C'est sûrement un cliché, mais le mot qui résume le tout est la passion...

- Quand vous avez commencé, il n’y avait pas beaucoup de groupes metal à deux chanteurs. D’où vous est venue l’idée ?

C'est arrivé assez naturellement. Au début, je jouais de la gratte et je chantais aussi et Shiro était le lead singer. Et puis Ben est arrivé et, du coup, j'ai récupéré un micro et on s'y est mis à deux. Depuis, la formule est restée la même. Mais bon, tout ça reste très vague, c'est de la préhistoire cette époque...

- Les projets pour le futur ? Un cinquième chapitre ?

La fin de la tournée qui passe, entre autres, par la Suède, l'Espagne, un retour au Canada et ensuite la composition du prochain album. Cette fois, nous nous enfermerons dans une pièce à la campagne et allons composer ensemble et en live de A à Z. Ce projet nous tient particulièrement à cœur car nous allons reprendre une méthode que nous utilisions à nos débuts. On s'orientera sûrement vers un style plus live, brutal et groovy.

- Je trouve que la scène française a beaucoup évolué ces dernières années. Quelle est ta vision ?

Effectivement, il y a de plus en plus de groupes, ce qui implique qu'il y a plus de bons groupes. Mais l'inverse est vrai aussi, Internet fait qu'il est facile de faire partager sa musique, mais il y a parfois des groupes qui ne méritent pas d'exister. J'ai l'impression que tout le monde a un projet en ce moment, pour le meilleur et pour le pire, mais ça rend le jeu plus excitant... C'est une saine émulation.

www.espritduclan.com

Randy

Interview réalisée par e-mail en janvier 2010

mis en ligne le : 11.06.10 par graber

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