INTERVIEW - Bonafide (2009)

Le mot ‘bonafide’ signifie ‘véritable’ ou ‘réel’. Le groupe suédois Bonafide est exactement cela : un véritable groupe de rock’n roll. Le genre qu’on aime bien, sans frasques, sans chichis, sans artifice. Depuis la sortie de ‘Something’s Dripping’, il tourne en boucle chez nous. Transit a profité de son passage au Transylvania Club à Erstfeld pour en savoir un peu plus. Rencontre des Indys avec Pontus Snibbs (chanteur et guitariste), Mikael Fassberg (guitare) et Micke Nilsson (bassiste).



- Je vais être très honnête, quand j’ai su ce soir que je pouvais faire une interview avec vous, j’étais très contente. J’adore votre album depuis que je l’ai découvert il y a trois semaines… C’est un mélange de tout ce que j’aime bien. Racontez-moi tout !

Mikael : Un mélange de tout ce qu’on aime. Ça fait deux ou trois ans qu’on existe maintenant.
Micke : Deux ans.
Pontus : On a fait ce style parce que j’adore ce genre de musique. J’ai également un projet solo où je fais de la musique un peu plus soft et je voulais faire quelque chose qui sonnait un peu plus hard. Micke et moi avons monté Bonafide. J’ai écrit des titres qui sonnaient un peu plus heavy que mon autre projet. C’est ce que j’aime jouer : un riff rock avec deux guitares. Mikael : C’est ce que je fais de mieux dans la vie, ma mission principale : jouer des riffs rock.
Pontus : Oui, mis à part élever tes enfants (rires).
Micke : Pontus et moi, on vient d’un milieu plus blues rock, et Mikael vient du hard rock traditionnel.

- Comment avez-vous décroché cette tournée ? J’ai eu la version des dames plus tôt (interview de Crucified Barbara dans ce mag), mais maintenant je veux la vôtre…

Pontus : Eh bien, je ne voulais pas me passer de Mia pendant cinq semaines (rires). Cette tournée est une bonne chose. Comme elle coïncide avec la sortie de notre album en Europe et comme on n’avait jamais joué en dehors de la Suède avec Bonafide, c’est une bonne occasion.
Micke : On voulait avoir un impact en Europe.
Mikael : On n’a jamais joué en dehors des pays nordiques, on a joué en Norvège et au Danemark mais pas plus loin. C’est une bonne chose pour nous.

- Et vous en êtes à combien de dates ?

Pontus : Douze sur dix-huit.
Mikael : Ça fait déjà trois semaines qu’on est sur la route.
Micke : Six shows et ensuite une journée de pause, et maintenant neuf et ensuite on a un show double en Allemagne, notre show et une première partie. Et on a aussi une autre date prévue en Suisse.
Mikael : On va en Italie demain et ensuite on remonte à Zurich au Rock City.

- Et la question qui tue : Pontus Snibbs, c’est ton nom de scène ?

Pontus : Non, c’est mon nom, le batteur (Sticky Bomb) a un nom de scène.
Micke : Il est son nom de scène (rires).

- Vous êtes contents de cette première tournée ?

Pontus : C’est vraiment fantastique, on a toutefois eu une mauvaise expérience en Italie.
Micke : Tout s’est bien passé, on a vendu beaucoup d’albums et les critiques sont positives.
Mikael : C’est un réel succès pour nous.
Pontus : Tout se passe comme prévu.

- Mia (Crucified Barbara) a joué sur votre album, et vous avez fait un album tribute, est-ce correct ?

Oui, un tribute à Nazareth.
Micke : Je jouais avec Manny Shulton, le guitariste original, et j’ai aussi joué avec Paul Di Anno.

C’est un sacré personnage ce Paul.
C’est peu dire (rires) !

Il m’a dit qu’il était le seul vrai punk que j’allais rencontrer.
Il parle beaucoup.
Pontus : Plein de mensonges.

- En parlant de mensonges, un mot sur votre premier titre, ‘Dirt Bound’…

C’est rock’n roll. Parfois, quand tu es fâché sur scène, au lieu de cogner sur quelqu’un, tu peux le faire ressortir dans tes textes et le chanter à tue-tête.

- Vous avez deux albums déjà, mais vous avez prévu de jouer combien de temps ce soir ?

Quarante-cinq minutes, et on fait pratiquement le même set tous les soirs.

- Et vous savez déjà où votre album se vend le mieux pour le moment ? En dehors de la Suède ?

En Allemagne, il se vend vraiment très bien, c’est ce que nous avons entendu. On a dû en renvoyer trois fois, la première fois on a expédié mille copies, alors on est très contents. En Suède, nous avons grimpé dans les charts.

- Nous avons appris grâce aux dames qu’en Suède vous avez un très bon service communautaire en ce qui concerne l’apprentissage des instruments de musique par les kids.

Il y a beaucoup de groupes et de compétition en Suède.

- Mis à part Bonafide, vous avez fait des choses auparavant ?

Oui, j’ai fait déjà sept albums solo, et je suis également batteur ; je joue de la guitare aussi mais pas en même temps (rires). On devrait essayer de jouer guitare et batterie en même temps, ça peut être différent (rires).
Micke : J’ai essayé de jouer de la basse une fois.

- Vous avez fait des tournées en Suède en première partie de groupes internationaux ?

Pontus : Deep Purple, Choirboys et Status Quo.

- Et il y a des groupes avec qui vous aimeriez vraiment jouer ?

Micke : Moi, j’aimerais bien jouer avec roara roara raora (rires).

Je ne sais pas si je le connais celui-là (rires) !
En fait, je n’en ai aucune idée. Il faudrait juste qu’ils soient bons mais qu’ils ne sonnent pas comme nous ; ils doivent être différents.
Pontus : On nous a demandé de faire des shows avec Airbourne.
Mikael : On serait deux groupes à faire le support.

- Ça serait vraiment bien ça ! Vous allez achever le public, vous et après Airbourne, wow ! Toute cette énergie !

Pontus : Je ne le voyais pas comme ça, mais pourquoi pas !

- Je crois que votre musique a vraiment quelque chose que beaucoup de personnes peuvent apprécier. Les vieux fans comme nous qui adorent AC/DC, Motörhead, reconnaissent ce genre de musique et les jeunes l’apprécient aussi parce que vous avez un son actuel et moderne.
Vous entendez en fait vos influences et ce que vous aimez bien.

On espère pouvoir revenir faire les festivals cet été et décrocher quelques premières parties. Mais pour revenir à Airbourne, on a joué le même jour au Sweden Rock festival et, lors du dernier morceau de notre set, je me suis rendu compte qu’il y avait Joel (frontman d’Airbourne) qui était sur la scène en train de nous regarder. On a sympathisé avec eux et ils nous ont mis sur leur guest list quand ils ont fait la première partie de Motörhead, alors on les a revus.
Micke : Motörhead est un groupe avec qui j’aimerais bien pouvoir jouer, c’est un des plus grands groupes au monde. Un très bon public pour nous.

- Quand vous aurez le même âge que Lemmy, vous jouerez toujours du rock’n’roll ?

Pontus : Oh oui, je l’espère.
Micke : Aujourd’hui comme je suis malade je crois que je suis plus vieux que Lemmy (rires).

- Et vous pensez quoi de Crucified Barbara ?

Pontus : Vraiment bien, c’est un groupe fantastique, elles assurent sur scène, soir après soir.

- Je ne sais pas si Suzy vous a déjà posé la question, mais comment ça se fait que Mia à joué sur votre album (Suzy : Indy n’a pas suivi ou pas écouté…)

En fait Mia et moi sommes en couple et j’ai écrit le titre pour elle. C’est aussi pourquoi c’est un titre style Motörhead : elle est très douée dans ce genre et le morceau est bien réussi.

- Honte à moi, je vais devoir mieux me renseigner la prochaine fois. J’aurais dû consulter Wikipedia. Suzy : Ils n'ont pas de page sur Wikipedia !
En effet, je ne saurais pas comment faire pour y accéder.

Micke : On va de toute façon refaire notre site web, et également notre MySpace, alors qui sait ? On aura peut-être un Wikipedia dans le futur.

- Et quels sont vos projets pour le restant de l’année ?

Pontus : Le dernier show de la tournée est chez nous à Malmö. On jouera dans la plus grande salle là-bas le 19 décembre. Après Noël, on va faire une vidéo et sortir un deuxième single de l’album, ‘Hard Living Man’, et il devrait sortir durant le premier trimestre 2010. Après, on va faire des dates en Espagne.

- Cette tournée vous aide à rencontrer des gens et amasser un nombre certain de contacts.

Mikael : Oui, ça nous permettra de refaire des tournées en Europe.

- Et Pontus, vous avez fait des albums solo dans le passé, ceci vous a également permis d’avoir plein de contacts, non ?

Pontus : Pas vraiment avec mes albums solo, mais je suis batteur d’un groupe américain Jason And The Scorchers et leur nouvel album sortira en février et une tournée suivra.

- Vous êtes bien occupés toute l’année dans différents projets musicaux..
.
Oui, c’est tout ce que je sais faire, je ne peux même pas conduire une voiture !

- J’aimerais parler de vos compos. N'est-ce pas difficile d’écrire dans un style où tout a déjà été fait. Ça ne t’est jamais arrivé d’avoir une impression de déjà-entendu et de te dire que tu as déjà écrit ce passage-là, ou de te dire que ça sonne comme un autre groupe ?

Si c’était le cas, je ne le laisserais pas passer. C’est peut-être quelque chose que j’ai entendu une fois, qui vient de mon subconscient et, si je l’écoute, je me dis ok, c’est qui déjà qui a écrit ça (rires) ?

- J’avoue qu’il y a un passage dans un titre qui m’a fait penser à un autre groupe nordique : White Flame.

Je n’ai jamais entendu parler de ce groupe, intéressant ! Mais tu sais, parfois c’est drôle de lire les chroniques, parce qu’on voit des phrases comme ‘ils ont écouté, ils sont fans de’, et parfois on n’a jamais entendu parler des groupes dont ils parlent. On est souvent comparés à Rhino Bucket, je ne les connais pas du tout.
Mikael : Je crois que ce style de rock’n roll n’a pas été joué pendant un bon moment, et maintenant il y a nous, Airbourne et, du coup, le style est sur le devant de la scène. On parle plus de ce style, il y a des milliers de groupes de metal et de hard rock qui font différents styles, et personne ne parlait de ça avant que Maiden revienne faire les têtes d’affiche des festivals. Quand un groupe sort un album, on ne peut s’empêcher de dire que ça sonne comme X ou Y.

Je crois qu’on va toujours faire cette comparaison, mais au moins les labels n’ont pas inventé un nouveau nom pour le style. Chaque fois qu'un groupe de death ou de hardcore perce, on invente un style, c’est du screamo-metalo-hardcore ou je ne sais pas quoi.
Pontus : Du pirate grind ! Tous les textes traitent de piraterie.

- J’ai une question à vous poser que j’ai aussi posée aux dames de Crucified Barbara. Avec tous ces vieux groupes qui vont faire la tête d’affiche des festivals cet été comme Twisted Sister, pensez-vous que vous aurez la possibilité d’arriver au sommet ? Et que pensez-vous du fait que les gens sont toujours prêts à débourser une centaine de francs pour aller voir un groupe de septuagénaires comme ZZ Top, mais qu'ils aiment moins sortir une vingtaine de francs pour voir un nouveau groupe, c’est étrange !

J’espère qu’on pourra arriver au sommet, on ne le ferait pas si on ne le pensait pas.
Mikael : On espère pouvoir jouer dans ce genre de festivals afin de pouvoir jouer devant le plus de personnes possible.

Beaucoup de ces groupes avaient splitté et sont revenus sur le devant de la scène. Ils ont vu que ça marchait pour un alors ils ont tous suivi. On a vu Alice In Chains, Carcass...
Pontus : Anvil (rires)…

Là, on parle le même langage : je peux sortir mon vieux blouson en jeans avec tous ses patches ; il sera toujours d’actualité !
Tu en as un !?!

Tous les groupes sont toujours là.
Mikael : Ils étaient juste en train d’hiberner, c’était un très long hiver.
Pontus : Moi aussi, j’ai une jaquette, je suis en train de la former, je la mets tous les soirs après le show.
Mikael : Comme ça, elle sera moins clean, moins propre.
Pontus : À propos de la question sur les vieux groupes, tu peux voir ceux qui sont là pour le fric, la majorité veut toujours jouer. Tu n'as qu’à regarder Dio. C’est un des meilleurs chanteurs.

- Indy : Tu n'as qu’à regarder Black Sabbath, tout le monde s’intéresse au groupe parce que Dio est là. Suzy : (chuchotant) Ça s’appelle Heaven & Hell maintenant !

(Rires) Oh, c’est un peu pareil, non ?

- Indy : Bon d’accord, mais si je pense à des icônes des eighties, je pense surtout à Twisted Sister…

- Suzy : Ils n’ont pas encore soixante ans, quoi que sous le maquillage, on ne sait jamais.

- Indy : Oui, mais Twister Sister, c’était le party band des eighties, et tu vois ce vieux de cinquante balais qui est en train de pousser les jeunes à faire la fête style eighties. Je trouve que c’est dommage, mais ça c’est mon opinion.
On les a rencontrés une fois, ils ont joué au Sweden Rock.

Je trouve que depuis les nineties, les groupes qui sont sortis du lot sont Korn et Slipknot.

- Tu penses qu’ils sont les plus grands du moment ?

Oui, je le pense, mais c’est mon opinion. En fait, Slipknot ont surtout fait parler d’eux parce que les gens les détestaient, mais quand un groupe est détesté, c’est que d'une certaine façon ils ont fait quelque chose de bien.
Ils remuent les émotions des gens.

- Et tu penses quoi de l’évolution d’Internet, est-ce bien pour un groupe comme Bonafide ?

Je trouve bien parce que ça te permet d’être visible sur la toile, de pouvoir savoir qui sont tes fans. Je ne sais pas comment faisaient les groupes dans les seventies, mais c’est sûr qu’à notre époque Internet est important.
Mikael : Je ne sais pas ce qu’on ferait sans.

- Et vous pensez quoi de la polémique sur le téléchargement ?

Pontus : C’est pas top ! Un téléchargement d’album sans le payer, c’est comme du vol, les groupes aujourd’hui vivent surtout des tournées et des ventes de merchandising. Mais si des gens ont téléchargé l’album et deviennent des fans, ils vont devoir débourser pour venir voir nos shows, alors là c’est intéressant, surtout s'ils achètent un T-shirt.
Mikael : Il y a le bon et le mauvais côté.

- Maintenant il y a tellement d’informations qui circulent sur le net qu’on ne sait plus ce qui est vrai ou faux. On connaît déjà la setlist, on n'a plus l’élément de surprise qu’on avait avant. Tout le monde veut tout et tout de suite. Donc je te repose la question : penses-tu que les jeunes ont les mêmes chances ?

Pontus : Vu comme ça, non !
Micke : Il n'y a plus la possibilité de devenir un super groupe.
Pontus : Les labels devront moins raquer qu’avant. Tu ne pourrais jamais devenir aussi connu, mais si tu veux travailler avec un super producteur, il faut de l’argent.
Mikael : Il faut beaucoup d’argent, ceci afin de garantir une super production avec un bon nom, il faut avoir une super pochette si tu veux frapper. À la fin, tu ne vas jamais récupérer ton investissement, tout est très cher aujourd’hui. Les groupes doivent mettre de leur poche, et si tu vends deux mille CDs, c’est bien, mais ce n'est souvent pas suffisant pour rembourser l’investissement.
Pontus : Ou tu dois persévérer plusieurs années avant de le récupérer, et on l’a vu et revu, avec un enregistrement à moindres frais on obtient un super son alors pourquoi débourser plus qu’on a. Aujourd’hui, tout le monde peut faire un disque. À l’époque, en faire un était vraiment un exploit. Maintenant, il en sort une centaine par semaine.

On vous souhaite tout de bon pour la suite, et on se réjouit de vous voir sur scène ce soir, et également sur la route très bientôt.
Tout le plaisir était pour nous !
Mikael : Merci à tous les deux, c’était sympa.

www.bonafiderocks.com

Suzy & Indy

Interview réalisée le 4 décembre 2009 à Erstfeld

mis en ligne le : 08.06.10 par graber

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