OVERLOAD | The Imagery Process
Autoproduction



Son gigantesque, niveau technique irréprochable, artwork travaillé. Rien n’a été laissé au hasard. Avec seulement deux albums au compteur, Overload fait preuve d’un professionnalisme rare. En un mot comme en cent, ‘The Imagery Process’ n’a pas à rougir des productions de Göteborg qui ont tant marqué le combo parisien. Cette alternance de riffs véloces et de parties écrasantes, ces vocaux tantôt criards, tantôt caverneux, ces leads mélodiques qui planent au-dessus de chaque titre... L’ombre d’In Flames ou de Dark Tranquillity n’est jamais loin (‘N.D.E.’, ‘First Dead Born’). Au-delà de ressemblances indéniables, Overload ne se pose jamais en clone de ces formations, apportant ses propres influences au genre. On sent ainsi de nombreuses touches prog (‘Distorted Fate’), on découvre avec plaisir quelques bidouillages electro (‘Burden’). Point fort du sextuor ? Sa capacité à proposer des chansons variées et entêtantes au possible, grâce à ce chassé-croisé de voix claires et de rugissements (‘The Imagery Process’). Fut un temps où, apposés l’un à l’autre, les mots ‘metal’ et ‘français’ provoquaient l’indifférence, voire quelques vannes bien senties. Depuis, nos voisins ont prouvé qu’eux aussi savaient faire hurler une guitare. Overload constitue un bel exemple de ce renouveau prometteur. [Dave]

www.myspace.com/overloadfr

ORDER OF ENNEAD | An Examination Of Being
Earache



Order Of Ennead est une sorte de super groupe de death metal technique, avec une grosse louche de black, qui nous présente son deuxième album. D’entrée de jeu, soulignons la laideur de la pochette. Le seul avantage est qu’elle ne passe pas inaperçue. Deuxièmement, nous certifions que Steve Asheim, John Li n’ont rien à prouver en matière de talent à qui que ce soit. Chacun excelle dans son domaine et cet album n’en est que la confirmation. Lorsque j’ai écouté l’album avec une oreille attentive, il m’a semblé que la musique était faite presque uniquement dans un but, celui de démontrer au public ce dont ils sont capables. Un peu comme si tout cela était planifié et voulu, dans le seul but d’impressionner. Il y a comme un arrière goût de manque d’âme, de passion. Steve Asheim sort tout son arsenal et porte sur ses épaules de nombreux passages qui voient les autres instruments en retrait. Le discours est identique pour la guitare de John Ki. Les mélodies de ce dernier sont mises en avant au détriment du reste. Le chant, très hargneux et rauque, rappelle un peu ce que fait Eric Rutan avec Hate Eternal. D’un point de vue technique, il n’y a rien à redire sur la qualité offerte. Les fans de ce genre trouveront leur eau bénite avec Order Of Ennead et adoreront ce disque. Les autres auront beaucoup de peine à entrer à cent pour cent dedans, même avec toute la bonne volonté du monde. [Dom]

www.myspace.com/orderofennead

ONDSKAPT | Arisen From The Ashes
Osmose Productions



Les Suédois d’Ondskapt ne sont pas des pompes à pognon à en analyser leur discographie. Seulement trois disques en environ dix ans d’existence. Mais voici tout de même enfin ce ‘Arisen From The Ashes’. Amateurs de black metal ou plus précisément d’orthodox black metal, vous approuverez cette nouvelle offrande. L’intro est effrayante avec ce qui semble être des cris ou gémissements de femmes et d’enfants. Des bruits sans doute volontairement altérés au mixage. L’album poursuit avec un titre très rapide ‘Ominous Worship Of The Divine’, un morceau black relativement conventionnel, qui ne laisse pas présager que du bon pour la suite. Erreur de jugement car s’ensuivent des titres beaucoup moins brutaux, mid tempo, entrecoupés de changements de rythmes intelligemment amenés. Et c’est là que ça devient intéressant car les scandinaves explorent de nouveaux horizons avec des orchestrations très singulières. L’excellent et très long sixième titre ‘Impaled By The Fundaments Of Our Time’ le prouve et mettra sans doute tout le monde d’accord. Un black sombre et électrisant, des riffs sans fin, une batterie lente et toujours au pas. Sans oublier les avalanches de vociférations. Le titre phare de cet album. [Effext]

www.ondskapt.atspace.com

NACHTMYSTIUM | Addicts : Black Meddle pt.2
Candlelight



Machine arrière, toute ? Nachtmystium aurait choisi de retrouver le confort d’un black metal ultra-classique après les expérimentations tous azimuts d’'Assassins : Black Meddle pt.1' ? Tout dans ce ‘High On Fire’ qui ouvre le nouvel album des Ricains le laisse croire : son râpeux, blast-beats à tout va, nappes de guitares… Et puis on se souvient : c’est de cette manière que Nachtmystium avait déjà choisi de lancer les hostilités sur 'Assassins…' pour mieux prendre son auditoire à contre-pied. Soyez rassurés : ‘Addicts : Black Meddle pt.2’ est le digne petit frère de son prédécesseur, délirant, barré, psychédélique ! Du rocailleux ‘Nightfall’ aux programmations hypnotiques de ‘No Funeral’, en passant par l’écrasant ‘The End Is Eternal’, Blake Judd et Pat Clancy explorent sans retenue le rock des seventies, le doom, l’electro… Au milieu de ce méli-mélo, la voix et une production très crue constituent les seuls points de repère. Là où ‘Assassins...’ faisait une large place à la dimension electro, ‘Addicts...’ repose avant tout sur les climats rock et les ambiances planantes (‘Then Fires, Addicts’) qui séduiront sans doute les fans d’Isis ou de Sólstafir. Dans ce large panorama musical, chaque riff, chaque bruitage, s’additionne pour aboutir au superbe ‘Every Last Drop’, véritable résumé de la démarche débridée du combo. Une réussite de plus à mettre à l’actif de Nachtmystium ! [Dave]

www.myspace.com/nachtmystium

MYRATH | Desert Call
XIII Bis Records



Myrath est le projet d’un jeune musicien tunisien, Malek Ben Arbia. Le sieur n’est pas un novice puisqu’il joue de la guitare depuis ses treize ans. Le voici donc tout droit déboulé d’Afrique du Nord avec cet opus intitulé ‘Desert Call’. Un metal mélodique aux accents heavy et power progressif. Il va de soi que Malek a agrémenté ses chansons de quelques connotations arabisantes. Tout à fait bien introduites d’ailleurs. Le premier morceau ‘Forever And A Day’ est autoproclamé premier titre de l’histoire du metal chanté en arabe. Affirmation sans doute un peu tronquée si l’on tient compte de l’album ‘Under The Moonspell’ des célèbres lusitaniens Moonspell avec le titre ‘Allah Akbar ! La Allah Ella Allah’ sorti en 1994. Qu’à cela ne tienne, les influences de Myrath sont bonnes. Le talent est bien présent. Et la production également au rendez-vous puisqu’exécutée par Kevin Codfert (Adagio). On retrouve d’ailleurs un solo du guitariste d’Adagio sur l’un des morceaux. Reste à deviner lequel. Nous vous invitons à découvrir ce jeune groupe prometteur et son leader Malek Ben Arbia. [Effext]

www.myrath.com

MELISSA AUF DER MAUR | Out Of Our Minds
Roadrunner Records



Il nous aura fallu attendre six longues années pour que l'ex-bassiste de Hole donne une suite à son très réussi premier album éponyme. Si l’on précise que ‘Out Of Our Minds’ n’est que la bande originale d’un concept bien plus vaste, comprenant un comic book, un site web et surtout un moyen métrage, nous sommes déjà plus enclins à pardonner l’adorable et flamboyante Canadienne. Avec ce nouvel opus, la demoiselle reste dans un style tout personnel, même si de nombreux invités tels que Jeordie White (Marilyn Manson) ou Chris Goss (Masters Of Reality) viennent participer, mais évolue vers un rock progressif très inspiré, plus fouillé dans les détails, pour sans doute mieux coller à l’ensemble du projet. Place donc ici aux mid-tempos, aux montées thématiques progressives telles que le ‘Out Of Our Minds’ et son instrumental angoissant qui ouvre sur le thème principal. Si l’on trouve néanmoins quelques redondances avec le premier album (‘Isis Speaks’, ‘Real A Lie’), l’ensemble reste très convaincant, notamment grâce au timbre adolescent de Melissa qui contraste avec les rythmiques oppressantes et à une production plus pointue. On soulignera plus particulièrement ‘Lead Horse’ lancinant et mystique, ‘22 Below’ original dans sa forme et enfin ‘The Key’ qui conclut avec une superbe ligne de basse. Toutefois moins facile et plus mystérieux que sa première œuvre, ‘Out Of Our Minds’ devrait trouver toute sa lisibilité replacé dans l’ambitieux concept proposé par cette artiste aux multiples talents. [Pascal]

www.melissaaufdermaur.org

MASTERPLAN | Time To Be King
AFM



Un nouveau disque de Masterplan est un événement dans le monde du heavy metal, au même titre qu'une nouvelle galette de Helloween. Il faut dire que le guitariste Roland Grapow a accompagné le groupe de Michael Weikath durant une douzaine d'années, participant activement au renouveau de notre citrouille préférée. Après six disques et deux albums solo, le bonhomme décide de former son propre groupe et fait appel à LA voix hard rockienne par excellence, j'ai nommé Jorn Lande (Yngwie Malmsteen, Allen/Lande, Jorn, Ark...). Après deux excellents albums parus en 2003 et 2005, le chanteur décide d'aller voir ailleurs mais son remplaçant, Mike DiMeo (Riot), n'arrive pas réellement à s'imposer. Sa prestation sur 'MK II', sorti en 2007, est néanmoins saluée par la critique mais, en concert, il ne constitue pas une assurance tous risques. Roland Grapow sent bien que l'avenir de son groupe passe par un rappel des troupes et il demande à mister Jorn s'il veut bien réintégrer Masterplan. La situation est posée et le quatrième album sort actuellement sous le titre un rien ambitieux de 'Time To Be King'. C'est effectivement le moment de gravir encore un échelon et de montrer au monde entier les qualités de ce band qui allie puissance, mélodie, rapidité et feeling. Dès les premières notes de 'Fiddle Of Time', la voix envoûtante de Jorn occupe tout l'espace et la guitare de Grapow se fait magique. La mélodie est superbe, la rythmique, assurée par Mike Terrana, se montre précise et très efficace. Les claviers d'Axel Mackenrott jouent un rôle prépondérant dans le son actuel de Masterplan ('Blow Your Winds'). La musique de 'Time To Be King' restitue des ambiances et elle est construite de façon à se dévoiler petit à petit à l'auditeur. Sans être progressive, elle est néanmoins surprenante car très variée, pouvant passer d'un morceau à tendance Whitesnake ('The Dark Road – la voix de Jorn n'est pas étrangère à cette comparaison) à une ritournelle aux relents moyenâgeux que n'aurait pas reniée Blackmore's Night ('Lonely Winds Of War' – mon préféré). Ce 'Time To Be King' s'inscrit comme un excellent cru, certainement le plus abouti de la discographie. L'ignorer serait une erreur énorme, qu'on se le dise ! [Etendhard]

www.master-plan.net

LYZANXIA | Locust
XIII Bis Records



Après ‘Eden’ en 2001, l’acclamé ‘Mindcrimes’ de 2002, ‘Unsu’ en 2006, des tournées, des projets parallèles comme Phaze I ou One-Way Mirror, les frères Potvin se sont attelés à nous pondre ce nouvel opus qu’est ‘Locust’. On sent la maturité du groupe dès les premières secondes d’écoute. Les riffs sont tranchés au scalpel, puissants, agressifs, le thrash des Français est imparable. Enregistré en partie dans les studios Déclanché d’Yverdon, l’album a une production particulièrement soignée et permet de créer un petit univers à chaque morceau. Les deux voix sont toujours à l’appel et se complètent toujours aussi bien. Même si mon coup de cœur va au dernier morceau de l’album ‘Father Râ’ qui est selon moi très représentatif des diverses facettes du groupe, cela ne veut pas dire que le reste de l’album est à mettre de côté. Il est sans doute plus mûr que ses prédécesseurs et on s’aperçoit après quelques écoutes qu’il n’y a pas réellement un morceau qui se détache plus que les autres (à part ‘Father Râ’, oui je sais je suis chiant avec ce morceau) et que, même si les morceaux ont chacun leur propre univers, ils fusionnent pour donner un ensemble heavy et puissant. Peut-être pas l’album d’un putain de morceau, mais plutôt onze morceaux d’un putain d’album. [Indy]

www.myspace.com/lyzanxiaband

LENG TCH’E | Hypomanic
Season Of Mist



Déjà le cinquième album pour ce combo d’origine belge qui a, avec le temps, intégré quelques membres d’origine américaine. Depuis leurs débuts, le groupe a abandonné le death grind qu'il pratiquait à ses débuts, faisant place ici à beaucoup d’autres influences. Si les envolées brutales, violentes et rapides s’entendent toujours par-ci par-là, elles se mélangent à de nombreuses influences hardcore, heavy et, par moment, on entend même quelques touches de stoner et de doom. Suite logique du précédent split, cette excellente mixture, plus que variée, fait que l’on ne s’ennuie pas une seule seconde à l’écoute de cette nouvelle offrande. Le mélange des ‘genres’ se faisant très naturellement et très aisément, un titre comme ‘Perfervid Odyssey’, de neuf minutes, ne choque pas et s’intègre très bien au reste de l’album. Serge Kasongo, le chanteur, possède un répertoire très vaste, pouvant couvrir sans problème l’inspiration musicale. Passant du growl au hardcore avec une grande aisance, les passages plus heavy ne lui posent aucun souci. ‘Hypomanic’ nous démontre que le groupe fait bien plus que du bruit grâce à ses compositions rythmiquement très recherchées et maîtrisées. La production signée Russ Russell (Napalm Death, Brujeria) est toujours aussi percutante et énorme. Il est presque certain que les fans du début et du death grind pur et dur risquent d’être déconcertés, mais pas déçus. [Dom]

www.lengtche.net

LANTLÔS | Neon
Prophecy Productions



‘Écailles de Lune’ d’Alcest encore tout chaud, Neige (également actif au sein de Forgotten Woods, Amesoeurs,…) réapparaît déjà au sein de l’un de ses nombreux projets, Lantlôs. ‘Minusmensch’, première pièce de ‘Neon’, résume on ne peut mieux la démarche du duo franco-germanique. Un long sustain de guitare fait place à une batterie feutrée et au ronflement d’une basse. Lentement, les guitares font leur apparition, ‘s’épaississent’ jusqu’à l’explosion d’un chant croassant et d’un blast beat furieux. Lantlôs marie l’esthétique black metal à celles du postrock et du shoegaze. Ces ingrédients vous rappellent-ils quelque chose ? Normal, ce sont eux qui composent la musique d’Alcest et, dans une moindre mesure, d’Amesoeurs. Avec ‘Neon’, le Français, épaulé par l’Allemand Herbst (Epitaph, Herbst) accouche d’une œuvre toute en nuances. Parties acoustiques et plages rageuses se succèdent sans fin. Une dualité qui se révèle très vite simpliste et monotone. Non que la qualité ne soit pas au rendez-vous ! Ce second album regorge de passages splendides, riches d’une émotion à fleur de peau. Mais ce ‘Neon’ n’apporte pas grand-chose de neuf sous le soleil. On s’interroge sur la pertinence d’un album se contentant d’appliquer une énième fois la recette concoctée par Neige au sein d’Alcest. [Dave]

www.lantlos.com